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Synthèses et grandes idées

Posted: juillet 6th, 2011 | Author: | Filed under: Marx, marxisme, matérialisme | 3 Comments »

Ben pour une fois, je vais pas faire un texte très construit. Plutôt un ensemble d’idées que j’ai dans la tête et que j’ai besoin de coucher par écrit. Disons que plusieurs fils que je poursuit depuis quelques mois se relient petit à petit. J’ai pas encore une construction très claire dans ma tête, mais y’a des fondations que je commence à poser. Alors, en vrac …

  • ce n’est pas un hasard si j’ai beaucoup oscillé entre l’analyse de deux périodes ces derniers temps: les années 20/30 et les années 60/70. C’est pas simplement qu’à titre personnel, les deux périodes m’attirent. Au-delà de mes préférences personnelles, il y a clairement une richesse et une intensité de lutte sur ces deux périodes qu’on ne retrouve pas dans, par exemple, les années 50 ou les années 80. Ce sont des périodes parsemées de grandes dates et de grands mouvements:  il suffit de prendre 1936 et 1968 comme exemples pour s’en rendre compte. Ce qui est intéressant, c’est d’approfondir, de déterminer pourquoi ces deux périodes sont si particulières. Et quand on fait ça, il y a une réponse très simple qui se présente, à mon avis: le taux de profit (le truc dont Marx parle ici: Salaire, prix et profit). Si on trace une courbe du taux de profit moyen dans l’économie sur le siècle dernier (comme, par exemple, il y en a dans le très bon La dynamique du capital), on remarque tout de suite les années 20/30 et les années 60: elles correspondent à des moments d’inflexion de cette courbe. Dans les années 20, le taux de profit passe d’une phase descendante à une phase montante. Inversement, dans les années 60, ce même taux de profit commence à baisser alors qu’il montait pendant les 40/50 années précédentes.
  • à ce stade-là, ce que j’ai dit dans un texte précédent sur les séquences historiques commence à se préciser: les séquences historiques correspondent aux phases montantes ou descendantes du taux de profit et les moments de transition entre deux séquences sont ces moments où le taux de profit change de direction, monte alors qu’il descendait ou descend alors qu’il montait. En effet, le taux de profit est le moteur du capitalisme. C’est ce taux de profit qui le fait tourner, et tout son fonctionnement vise à le maintenir. Ça ne veut pas dire qu’individuellement, chaque personne ou entreprise est forcément obsédée par le profit, mais à l’échelle  de la société, le fonctionnement économique tourne autour de ce fameux taux de profit. Quand le taux de profit descend trop, il faut que le capitalisme se transforme pour trouver de nouvelles sources de profit, sinon il va s’effondrer.
  • le taux de profit, c’est l’indicateur de santé du capitalisme. Quand il est maintenu et/ou qu’il augmente, le capitalisme est en forme, il peut se défendre contre les agressions, il fonctionne de manière fluide et dynamique. Plus le taux de profit baisse, plus le capitalisme se durcit, se tend, se recroqueville et ralentit sa marche. En fait, ce qu’exprime le taux de profit, c’est la solidité du capitalisme en tant que rapport social et politique. Le taux de profit exprime la capacité du capitalisme à se reproduire et à s’étendre à partir de sa situation actuelle. Plus il baisse, plus l’expansion du capitalisme est réduite, et, en-dessous d’un certain seuil, c’est la capacité du capitalisme à se reproduire qui devient problématique
  • ce qu’indique le taux de profit, c’est un rapport de force social. Dans les périodes où il est montant (par exemple, à partir des années 20 jusqu’aux années 60), le rapport de force est favorable au capital au sens où le capitalisme arrive à innover, à se transformer, à trouver de nouvelles méthodes plus efficaces d’extractions du profit. Ça ne veut pas forcément dire que ces périodes sont négatives pour le prolétariat, encore moins pour les prolétaires individuellement. Ça veut dire que le capitalisme a de la marge, des ressources, qu’il a des réserves internes pour faire face aux problèmes: il peut lâcher du lest dans les conflits sociaux, parce que ce qu’il perd d’une main, il le regagne de l’autre (ce dont j’ai parlé dans mon deuxième texte sur les seventies en Italie). Tout ça ne rend pas le rapport capitaliste plus juste ou moins violent, mais ça fait qu’il y a des compromis qui se trouvent, que le capital peut faire des alliances puisqu’il accumule un trésor de guerre lui permettant de négocier facilement.
  • négocier facilement, ça nous renvoie au quotidien des luttes sociales. Quand je parle d’un rapport de force social, je pense au cours quotidien de la lutte des classes. C’est la lutte quotidienne des classes qui détermine ce qui fonctionne ou pas en terme de taux de profit. Les capitalistes tentent des transformations, qui prennent ou pas en fonction de la résistance du prolétariat. Les moments où le taux de profit monte, c’est le moment où les capitaliste arrivent à produire des séries d’innovations au sein du processus de travail qui réduisent, d’une manière ou d’une autre, la résistance des travailleureuses.
  • on en revient à mon dernier texte: ce qui n’a pas vu venir l’IC dans les années 20, c’est le fait que le capitalisme était en train, petit à petit, de se trouver un nouvel équilibre, qu’il sortait d’une phase de décadence (c’est-à-dire de la chute ininterrompue du temps de profit depuis 1870, en gros) pour rentrer dans une nouvelle phase d’expansion. Après coup, on sait maintenant que c’était la naissance du fordisme et du capitalisme managérial, transformation qui a permis au capitalisme de retrouver une nouvelle jeunesse. L’IC a loupé ça (c’est facile à dire avec le recul de l’histoire, et probablement moins facile à voir à l’époque), et est donc passé à l’offensive à un moment où le capitalisme disposait des ressources lui permettant de faire face à cette offensive.
  • ce que j’essaie de dire, ce que le capitalisme, en tant que rapport social, est le résultat de l’affrontement constant de la bourgeoisie et du prolétariat, et que le taux de profit est l’indice de cet affrontement. Un taux de profit fort signifie que la bourgeoisie réussit à dépasser la contradiction qui l’oppose au prolétariat et à faire fonctionner l’exploitation. Un taux de profit qui diminue signifie que la résistance du prolétariat réussit à limiter les possibilités et à gripper le rapport capitaliste. D’où l’importance des moments où le taux de profit commence à diminuer ou commence à repartir: ce sont des moments où le rapport d’exploitation se transforme, où une transition se fait entre des modalités de fonctionnement du capitalisme. Comme toute période de transition, il y a des grincements, des difficultés d’ajustement, ça coince à des endroits. L’enjeu de ces périodes, c’est de savoir si un nouveau régime d’exploitation peut être trouvé.
  • pour reprendre des vieilles formulations marxistes, la tendance à la baisse du taux de profit est incarnée par les résistances des travailleureuses, ce que le capital essaie constamment de combattre et d’enrayer. L’enjeu de chaque séquence historique est de savoir si le dépassement de cette tendance pourra se faire. Dans les années 20, le capitalisme était au bout d’une pente descendante de ce point de vue là, et il s’agissait de savoir s’il allait repartir ou non. Dans les années 60, le capitalisme venait d’une phase montante, et l’enjeu était donc de savoir si cette phase allait continuer où si un déclin du taux de profit allait commencer.
  • au vu de mon dernier texte, on me voit venir avec mes gros sabots: je crois que la phase dans laquelle nous sommes actuellement ressemble plus aux années 20 qu’aux années 60. Le capitalisme a connu une sacré baisse du taux de profit depuis le début des années 70 (en gros, de manière schématique, je ne suis pas en train de faire une thèse universitaire), et l’enjeu du moment, c’est de savoir s’il réussira à faire peau neuve, à faire remonter le taux de profit, qui atteint un niveau dangereusement bas. La crise financière est un symptôme de ce taux de profit très bas: si les bulles financières sont si importantes en taille, c’est que le capital a beaucoup de mal à se rendre profitable dans l’espace de production lui-même.
  • en tenant compte de tout ça, je crois qu’il ne faut pas faire l’erreur qu’a pu faire l’IC dans les années 20 en vendant la peau de l’ours avant de l’avoir tué. C’est sûr que le capitalisme est en difficulté en ce moment, mais ce n’est pas un symptôme de sa décadence. Savoir si le rapport capitaliste ne va plus réussir à se reproduire est l’enjeu de nos luttes. Ce n’est pas quelque chose d’acquis, ni quelque chose d’inéluctable, c’est justement ce autour de quoi on va avoir à se battre. Dans les années 20, un rebond du taux de profit, ça ne s’était jamais produit. Maintenant, on l’a l’avantage du recul historique, on sait que c’est possible. Il ne faut donc pas répéter les mêmes erreurs.
  • un des points de désaccords fondamentaux que je vais avoir avec les groupuscules trostkystes restants (genre CCI), c’est justement qu’il nient le rebond des années 20 à 60. Leur position, c’est de dire que le capitalisme est continuellement en train de s’effondrer depuis le début du XXième siècle, et donc que les catégories politiques issues de cette époque sont toujours pertinentes puisque rien n’a fondamentalement changé depuis. Ils le disent parce que Trosky l’a défendu jusqu’à la fin de sa vie, mais tenir cette position en 2011 me semble tenir du déni de réalité le plus dingue. Et je pense que si on nie ça, on se trompe sur la période historique dans laquelle on est, et ça nous empêcher de réfléchir correctement sur les luttes à venir.
  • ne pas répéter les mêmes erreurs pour moi, c’est justement se demander dès maintenant comment le capitalisme est en train de préparer un rebond possible, pour pouvoir agir aux points névralgiques et mettre en échec sa réorganisation.
  • alors, comment se fait cette réorganisation en ce moment ? C’est là que ça devient compliqué. Ma catégorie Etudions le capitalisme, c’est de ça dont il s’agit: essayer de travailler à chercher ce qui se transforme maintenant dans le processus de production (notamment) pour comprendre les évolutions futures. Pour l’instant, j’ai quelques pistes assez vagues, essentiellement sur le rôle d’internet. L’idée, c’est qu’internet représente un nouveau rapport à l’évolution technique et à la production intellectuelle, et que ça peut changer beaucoup de choses. En effet, l’évolution technique joue un rôle essentiel dans le mouvement du taux de profit (là encore, La dynamique du capital a une analyse intéressante là-dessus, mais on pouvait trouver des idées  de ce genre chez Schumpeter déjà, par exemple). Une manière de dire ça, ce sera de constater que, depuis les années 50, la productivité du travail a augmenté, mais pas la productivité du capital. Les innovations techniques se sont concentrées autour du fait de faire travailler plus efficacement, mais pas d’utiliser plus efficacement le capital. C’est-à-dire qu’un-e travailleureuse donné-e arrive à produire de plus en plus de choses, mais qu’il faut de plus en plus de capital (machines, lieux de productions, …) pour que chaque travailleureuse soit efficace. La question devient donc de savoir si internet va pouvoir développer des nouvelles méthodes de travail, de production et d’organisation collective qui permettent d’augmenter la productivité du capital. Ou alors peut-être qu’internet va changer le rapport à la recherche et à la production théorique, et permettre à plus d’innovations d’être produites plus vite, ce qui permettra de trouver des innovations économes en capital (c’est-à-dire à productivité du capital forte).
  • j’ai pas du tout exploré ça, mais peut-être que l’écologie peut jouer un rôle central là-dedans, en forçant à transformer radicalement les méthodes de productions. Mais là, je n’y connais pas grand chose, mais tout ça va peut-être bien transformer fondamentalement l’organisation actuelle du travail, et donc trouver la perle rare qui peut faire repartir le taux de profit.

Voilà (notamment) ce qui traîne dans ma tête en ce moment. Un peu désorganisé, mais j’avais besoin de coucher ça par écrit, vu que ça forme un peu l’infrastructure de ce à quoi je réfléchis en ce moment. Mais peut-être je vais mettre de l’énergie à écrire des choses sur les bases de l’économie politique marxiste: taux de profit, capital fixe, capital variable, … Parce qu’avec le temps, je commence à sentir de plus en plus l’importance de ces concepts, mais je crois que j’ai besoin de les expliquer pour vraiment me les réapproprier.

D’ici pas longtemps temps, j’espère, ça n’aura rien à voir, mais je vais traduire un texte sur des féministes iraniennes.


3 Comments on “Synthèses et grandes idées”

  1. 1 Christine said at 20 h 11 min on juillet 6th, 2011:

    Je peux mettre des trucs en vrac aussi ?

    Le capitalisme vert est une bonne tentative de « reconversion » du capitalisme non ?
    Est-ce que la raréfaction des ressources non renouvelables n’est pas un élément totalement nouveau et déterminant par rapport aux périodes antérieures ?

    Dans l’attente de l’article sur les féministes iraniennes…

  2. 2 bababab said at 12 h 24 min on juillet 9th, 2011:

    Attention! Le CCI n’est nullement un groupe trotskyste. Il ne se revendique pas du tout de Trotsky. Ca ne les empèchent pas d’avoir une analyse de merde sur le capitalisme. Quoique là je suis pas en total accord avec toi, je pense que c’est plus sur la façon dont s’organisent les travailleurs qu’ils sont vraiment dogmatique, leurs analyses sur le développement du capitalisme ne sont pas si pourris que ça finalement et surtout, ils parlent de truc dont l’extrême gauche française ne daigne parler (comme les grèves au niveau international par exemple).

    Sur la question des séquence historique le commentaire précédent a raison d’insister sur la question écologiste. Celle ci est effectivement une contrainte naturelle au capital. La première dans l’histoire qui ne soit pas exclusivement (je dis exclusivement pour ne pas dénigrer les multitudes de luttes écologiques qui prennent forme depuis les années 80) le fruit d’une lutte des prolétaire. Disons que physiquement, le capitalisme est obligé de prendre en compte les évolutions physique de la planète terre dans un but de rendement (bah oui il va pas changer pour antant). l’exemple le plus criant c’est la fonte des glacier. Les capitalistes s’en foutent de savoir si ça va toucher la biodiversité. Ils s’interessent plus à l’économie du Bengladesh. C’est d’ailleurs sur ces thématiques là que l’accord de Kyoto a été signé. Et pas sur des bases vaguement humanistes… Qu’est ce que les capitalistes s’en branlent de l’humanité, ils sont trop occupé à en sortir du blé.
    Alors oui. Il est clair que le « rebond » du capitalisme va s’articuler autour de la question énergétique. On peut s’attendre à une super offensive du nucléaire dans la propagande d’état prochainement (malgrè fukushima) et ce même si tout le monde à conscience de la dangerosité. D’ou l’importance pour moi de relancer la question du nucléaire et pas seulement comme un appendice ou un « petit c » dans le programme anticapitaliste.

    Bon sur ce qui est de la comparaison avec les années 20 je pense que c’est un peu optimiste. Enfin optimiste je sais pas si on peut en parler comme ça vu que la conséquence des années 20 et de la chute du mouvement ouvrier c’est le fascisme. Mais y a un truc qui me gène dans ton inventiare. Tu analyses le capital sans analyser l’opposition qu’il développe. Or en 1920 on a le droit à un prolétariat super organisé (à lire « Ni parlement, ni syndicat, les conseils ouvriers » chez les Nuit rouges, 15 euros). Le moins que l’on puisse dire en ce moment c’est que l’organisation est plutôt à la peine. Alors oui y a eu les révolution arabes et compagnie, mais même là les prolétaires ont agi de manière assez dispersé. Ca c’est vu une fois la chute des régimes. Y avait personne derrière pour attaquer le caractère bourgeois de l’état transitoire (comme cela a put être le rôle de Lénine ou Liebknecht dans les années 20).
    L’exemple le plus proche de nous c’est la grèce qui pourrait largement être comparable à l’allemagne des annés 20. Des manifestations de rue gigantesque depuis des années, des groupes « extrémistes » (pour paraphraser Pannekoek) très nombreux et actifs et pour autant un mouvement social dans l’impasse. Et un capitalisme aux abois face à un prolétariat désorganisé il a une solution toute simple plutôt que d’attendre que celui ci s’organise: il passe au régime supérieur, la dictature.

    Voila.
    Un parti guide! Vite! (c’est une blague).

  3. 3 murmures said at 14 h 14 min on juillet 9th, 2011:

    Je vais répondre aux deux commentaires à la fois, vu qu’ils parlent de choses complémentaires et liées.

    Ce qui me gêne dans le CCI, c’est que je trouve qu’ils n’ont pas changé de grille de lecture depuis presque un siècle. Illes partent parfois de nouvelles luttes qui se sont produites ces derniers temps, mais uniquement (j’ai l’impression) pour réitérer leurs points favoris: « certes, il s’est passé ça ou ça ou ça, mais ça ne fait que prouver une fois encore qu’on avait raison ». Je trouve ça très gênant comme position, parce que c’est comme si illes avaient une stratégie révolutionnaire toute prête, et qu’il fallait juste convaincre tout le monde de la suivre.

    Alors, ils font des analyse de l’évolution du capitalisme, mais uniquement pour dire qu’en fait il n’a pas changé du tout, qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Mais le fait qu’illes relaient des luttes à l’internationale est effectivement intéressant, vu qu’il n’y a jamais assez de gens pour faire ce boulot en ce moment.

    Si je devais résumer avec des gros mots, je dirais que je trouve le CCI profondément a-marxiste, au sens où leur approche politique n’est pas du tout historique, à mon sens. Répondre à des interrogations de gens avec des citations où tu dis que Marx a dit ceci en 1848 ou Lénine ceci en 1919, c’est faire comme si des positions politiques intemporelles pouvaient être trouvées, que ce qui a été dit une fois par des leaders révolutionnaires ne pouvait pas être remis en cause. Si ça marchait pour le XIXème siècle en Europe, ça doit marcher pour n’importe où ailleurs, n’importe quand. Du coup, illes n’accordent que très peu de place à des nouvelles formes de luttes, genre les luttes féministes, les luttes anticoloniales, … Et quand illes en accordent, c’est uniquement pour répéter que l’important c’est le capitalisme, et que tu seras résolu une fois qu’on aura fait la révolution.

    Concernant l’écologie et la raréfaction des ressources, je suis partagé. D’un côté, c’est sûr que ça va produire des transformations profondes. D’autre autre côté, je ne crois pas que ça puisse suffire à mettre en échec le capitalisme. Je suis pas très convaincu par les argumentations de certain-e-s décroissant-e-s type « le capitalisme a besoin d’une croissance infinie, les ressources sont finies, donc forcément il est cuit ».

    Je ne suis pas très convaincu, parce que le capitalisme a besoin de croissance certes, mais la croissance ne signifie pas forcément une multiplication de biens matériels. La croissance, la production, le profit, ce sont des rapport sociaux, entre être humain-e-s, pas simplement des échanges matériels. Et je ne crois pas qu’on puisse épuiser un rapport social. Je pense qu’on peut le mettre en échec et le détruire, mais je ne crois pas qu’il puisse tomber en panne de carburant, pas sur des bases matérielles en tout cas.

    Alors voilà, je suis un peu ambivalent sur la question, mais si je devais choisir, je me sentirais assez proche de ce que tu dis bababab.

    Concernant la situation actuelle et ma comparaison avec les années 20, tu dis des trucs pertinents bababab, et même des trucs très pertinents 🙂 Après, mon impression, c’est que la situation actuelle évolue très vite et qu’on arrive peut-être pas encore à bien discerner des formes d’organisation actuelles qui sont nouvelles.

    Vu que la nouvelle organisation du prolétariat ne se fera pas par l’intermédiaire d’un parti ou d’autres formes classiques, je crois qu’on loupe probablement des formes d’organisation parce qu’elles sont nouvelles. Alors je pense que le niveau réel d’organisation et de réappropriation collective actuelle est plus élevée que ce qu’on voit avec nos grilles d’analyses un peu limitées.

    Et puis tout ça change très vite: je crois qu’il y a quelques années, on aurait pas imaginé les émeutes de 2005, massives et puissantes, ni les différents mouvements contres les retraites, ni les révolutions arabes, ni l’intensité des luttes en Grèce, ni … Malgré les impasses actuelles de ces mouvements, il y a une sacré accélération des processus ces temps-ci.

    Mais effectivement, la partie un peu effrayante, c’est que c’est une course entre nos organisations collectives et la réaction violente du capital. Mais ça, c’est toujours le danger, non ? 🙂

    Merci pour les commentaires comme d’habitude, et Christine, c’est un plaisir de te voir toujours ici.