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Patriarcat et capitalisme: la question de l’articulation

Posted: décembre 13th, 2010 | Author: | Filed under: Genre, patriarcat | 8 Comments »

On parle souvent de deux vagues du féminisme (en Occident en tout cas, je ne connais pas grand chose à l’histoire du féminisme ailleurs). Il y aurait le premier féminisme, celui qui s’est concentré, du milieu du XIXème siècle à la fin des années 20, autour de la question des droits civiques: droit de propriété, accession à l’éducation, suppression des discriminations de métiers, … Ce féminisme-là a fini par culminer autour de la question du droit de vote, obtenu dans de multiples pays dans les décennies 20 et 30 (la France, où il a été obtenu en 45 est plutôt en retard là-dessus). Après, le mouvement féministe s’éteint, se retrouve en sommeil pendant les années 40, 50 et le début des années 60. Et puis il y a un gros retour du féminisme du milieu des années 60 à la fin des années 70, avant que cette « deuxième vague » ne s’épuise elle aussi dans le grand désastre des années 80.

Politiquement parlant, ces deux vagues féministes étaient très différentes. En un sens, j’ai déjà un peu parlé de la transition entre ces deux vagues dans mes textes sur Freud, avec l’aide de Kate Millett (elle-même une féministe « de la deuxième vague »). Mais entre temps, je me suis rendu compte qu’il y avait une manière plus précise de les caractériser. Je crois qu’on peut parler de féminisme libéral pour le premier féminisme.  Libéral au sens où il repose sur une idée simple: les femmes font face à différentes discriminations qu’il faut combattre une par une, afin d’arriver à un état d’égalité légal et civil qui signifiera la libération des femmes: il faut libérer les femmes des entraves légales qu’elles subissent. En général, ces discriminations vont être interprétées comme des survivances d’un état archaïque de soumission des femmes qui n’a plus de raison d’être. Mary Wollstonecraft, dont j’ai déjà parlé, fournit un excellent exemple de cette théorie féministe: dans son cas, elle défend l’idée que c’est le manque traditionnel d’éducation des femmes qui les empêche de prendre place dans la société de leur temps, qui les empêche d’accéder à la raison.

Ce qui change dans la théorie féministe qui s’élabore au cours des années 60, c’est qu’il ne s’agit plus simplement d’attaquer différentes discriminations isolées les unes des autres ou de mettre fin à des archaïsmes. Petit à petit, l’idée s’élabore que la domination exercée sur les femmes s’articule en un ensemble cohérent; un concept émerge, celui de patriarcat. Le patriarcat, c’est la domination organisée des hommes sur les femmes, avec pour but de maintenir un ensemble de privilèges masculins qui traversent toute la société. Il ne s’agit plus d’un archaïsme, mais d’une réalité actuelle, qui se maintient afin de fournir des avantages concrets aux hommes, ici et maintenant. C’est cette théorie politique qui va fournir le fameux féminisme radical qui fait si peur. Radical, parce qu’une fois placé dans cette perspective, combattre chaque discrimination subie par les femmes séparément semble insuffisant: il faut s’attaquer à l’origine de la domination, c’est à dire au système patriarcal.

La comparaison avec le mouvement ouvrier peut, à mon sens, être intéressante. Un mouvement ouvrier radical et autonome des luttes de la bourgeoisie commence à exister à partir du moment où, au milieu du XIXème siècle, il réussit à élaborer une théorie du capitalisme et de l’exploitation (et là je ne parle pas uniquement de Marx, qui ne fait que formaliser et systématiser l’énorme réflexion élaborée par le mouvement ouvrier pendant des années). A partir de ce moment là, il ne s’agit plus uniquement pour les ouvrier-e-s de réclamer telle ou telle réforme: il leur faut élaborer un programme (réformiste ou révolutionnaire, en fonction de l’option politique choisie) pour arriver à briser le capitalisme en tant que système, et en finir avec lui (bon, malheureusement, ça n’a pas tout à fait fonctionné). Formuler l’existence de l’exploitation permet d’analyser le capitalisme en tant que système cohérent à affronter, j’en ai déjà parlé. De la même manière, j’ai l’impression que la grande découverte du féminisme radical sera celle du travail invisible des femmes (comme par exemple le travail domestique, mais pas seulement), de toutes ces tâches que le patriarcat force les femmes à accomplir sans qu’elles soient reconnues socialement. A partir de cette découverte, le patriarcat devient un ensemble de mesures qui ont pour but de perpétuer ce travail forcé des femmes, comme le capitalisme est un système cohérent travaillant à extraire du surtravail des prolétaires (on peut dire  « des salarié-e-s » si on veut un mot qui sonne plus moderne).

C’est là que les ennuis commencent. Le monde social réel (notre monde, quoi) n’est ni purement capitaliste, ni purement patriarcal, il est les deux à la fois. On a affaire à deux cohérences différentes: fonctionnent-elles en harmonie ? en conflit ? avec un mélange des deux ? la logique patriarcale est-elle plus forte que la logique capitaliste ? est-ce que c’est l’inverse ? ou alors est-ce que ça dépend des situations ? J’ai déjà commencé à aborder cette question quand j’ai parlé de Sylvia Walby, et elle est tout sauf simple. La stratégie de la gauche anticapitaliste a souvent été de contourner la difficulté (en toute bonne foi ou non) en niant plus ou moins les apports du féminisme radical: le patriarcat ce n’est pas important ou ça n’existe pas, tout est de la faute du capitalisme, donc, après la révolution socialiste, les problèmes des femmes seront automatiquement résolus. La position « marxiste » orthodoxe par rapport à ça est celle-ci. Sauf que, bien évidemment, elle ne résout rien, vu qu’elle ne revient qu’à renoncer à tous les rapports théoriques du féminisme contemporain, et donc à se condamner à être à peu près aveugle théoriquement autour des questions de genre. Il n’y a pas besoin d’aller bien loin pour voir les ravages que ça peut faire.

C’est avec ce contexte en tête que j’ai été surpris par le dernière numéro d’une revue d’ultra-gauche, Théorie communiste. Surpris parce que, sur la couverture, il y avait un titre d’article alléchant: La distinction de genres. Dans cet article, il y a une tentative de penser cette fameuse articulation entre capitalisme et patriarcat, en s’appuyant à la fois sur des bases marxistes contemporaines et sur des théories féministes actuelles: la lutte contre le patriarcat comme une révolution dans la révolution anticapitaliste. Pour reprendre les mots de TC:

« l’enjeu de préciser la dynamique propre du rapport de genres, c’est aussi de pouvoir penser comment et pourquoi les futures ex-femmes – qui seules poseront en actes la nécessité de l’abolition des genres du fait de leur place dans leur rapport contradictoire homme/femme – auront à s’affronter aux futurs ex-hommes dans le cours de la révolution pour pouvoir dépasser cette division ».

Mais commençons par le commencement. TC peut être particulièrement aride et difficile à comprendre, mais je vais essayer d’exposer un peu la logique du texte. Au centre de ce texte de TC, il y a le concept marxiste de mode de production. Les humain-e-s sont lié-e-s entre elleux par des rapports de production, des rapports sociaux orientés vers la production de leurs moyens d’existence (nourriture, vêtements, logement, …). Un mode de production, c’est un ensemble cohérent de rapports de production, c’est-à-dire un ensemble de rapports de production qui fonctionne et peut se reproduire lui-même pendant une certaine période de temps. Ce mode de production détermine la dynamique d’une société donnée, puisqu’il détermine la dynamique des rapports sociaux humain-e-s. Notre mode de production contemporain est fondé sur la propriété privée des moyens de production, sur l’exploitation: c’est le capitalisme.

Tous les modes de production qu’on a connu jusqu’ici sont fondés sur la force productive de la population, plus précisément sur son augmentation. C’est là que le patriarcat entre en scène: le patriarcat assure la production de la population en tant que force de travail. Le patriarcat assigne un rôle à une catégorie de la population, celui de renouveler la force de travail, force de travail qui est à son tour utilisée pour produire le reste de ce qu’il faut produire. Cette catégorie de la population, c’est les femmes, et renouveler la force de travail, ça implique de faire à manger, de créer un espace de repos qui est le foyer, de soutenir affectivement les travailleureuses, … Le rôle social spécifique des femmes, ce qui leur est imposé, c’est de maintenir en état de marche la force de travail, de fabriquer des individu-e-s utilisables pour produire. Le genre existe sur cette base: il y a des hommes et des femmes, parce qu’il y a des gens qui produisent et d’autres qui assurent la reproduction des producteurs.

Ce que TC propose comme articulation du patriarcat et du capitalisme, c’est donc un capitalisme qui repose sur le patriarcat: le capitalisme exploite un prolétariat (qui inclut des femmes) qui est produit et reproduit par le patriarcat. Il y a deux appropriations, l’appropriation du travail des femmes dans le patriarcat et l’appropriation du travail des salarié-e-s dans le capitalisme, et la première appropriation patriarcale permet le fonctionnement de la deuxième appropriation capitaliste. Par contre, l’appropriation patriarcale ne se met en place que si la deuxième appropriation existe, puisque (re)produire une force de travail s’il n’y avait pas de mode de production pour l’utiliser n’aurait aucun sens. Le patriarcat est donc un système qui n’existe qu’en articulation avec un mode de production donné: à notre époque il s’agit du capitalisme, mais le patriarcat s’articulait dans le passé avec le mode de production féodal, par exemple. Ainsi, le patriarcat est autonome du capitalisme, mais dépendant de l’existence d’une société de classe en général, peu importe laquelle.

De là cette idée de révolution dans la révolution que TC met en avant: une révolution anticapitaliste amènera à la racine du problème, qui est l’existence de sociétés de classes dont le capitalisme fait partie, mais cette existence ne peut-être remise en cause que par une seconde révolution, une révolution antipatriarcale, qui peut elle seule mettre fin à ces sociétés de classe. Le prolétariat pousse les contradictions internes du capitalisme pour le mener à sa perte, mais, une fois arrivé à un certain point du développement des contradictions capitalistes, une révolution contre les genres est nécessaire pour pouvoir se débarrasser définitivement de la domination. Dans ce schéma-là, la lutte antipatriarcale prend place dans le cadre de la lutte des classes (c’est-à-dire qu’une lutte de femmes est aussi une lutte sociale), mais doit la dépasser pour pouvoir amener au communisme. Si une offensive anticapitaliste se révèle incapable de s’attaquer au patriarcat, elle échouera, mais une offensive antipatriarcale n’est possible qu’en s’attaquant aussi au capitalisme, puisque le patriarcat n’existe pas indépendamment du capitalisme. Il s’agit donc, dans cette vision, de penser deux mouvements interdépendants sans que l’un ne soit réductible à l’autre, ou que l’un ne soit prioritaire: lutte de genre avec la lutte des classes, mais lutte de genre au-delà de la lutte des classes.

Concrètement, ce schéma peut expliquer le fait qu’à un certain stade de toutes les luttes sociales contemporaines, la question de la lutte autonome des femmes surgisse, mais que cette lutte doive se faire en conflit avec les camarades masculins dans les luttes (TC donne en exemple les groupes de femmes dans la lutte des piqueteros en Argentine, mais je crois qu’on peut voir ça aussi dans la commune d’Oaxaca aussi par exemple, et ainsi de suite). Mais il explique aussi le fait que les grandes poussées féministes correspondent historiquement aussi à des grandes montées de la lutte des classes, et s’appuient sur ces grandes montées. Il n’y a pas de contournement du problème possible, les deux luttes doivent se mener de front dans leurs contradictions pour pouvoir réussir à accomplir ce qu’on souhaite accomplir.

Bon, l’argumentation de TC est plus complexe et plus développée (le texte fait une vingtaine de pages), mais j’espère avoir réussi à en faire une petite synthèse. Elle parle au marxiste qui est en moi, mais elle est aussi une des seules réflexions théoriques anticapitaliste que je connaisse à essayer d’intégrer profondément des éléments de théorie féministe au son sein, tout en admettant les problèmes que ça peut poser. Après, ça reste relativement abstrait, et c’est pas forcément simple d’en tirer des positions pratiques immédiates, ce qui tend à me faire dire que ce n’est qu’un point de départ, qu’il faut approfondir tout ça pour en tirer quelque chose d’utilisable. Et puis, que faire des questions de race dans tout ça ?

PS: Ecrire un texte sur le féminisme en regardant Grey’s Anatomy, je sais pas si c’est l’ultime chic post-moderne, mais c’est étrange en tout cas.


8 Comments on “Patriarcat et capitalisme: la question de l’articulation”

  1. 1 Name said at 14 h 16 min on décembre 14th, 2010:

    Pas d’accord avec l’idée que le patriarcat suppose le capitalisme. Il préexistait. Même au système féodal. Et il pourrait postexister sans pb.

    Les féministes radicales telles Christine Delphy le définissent comme un mode de production, la production domestique où les femmes sont exploitées par les hommes. La production domestique étant à la fois la production « ménagère » (celle qui reproduit la force de travail) et la production économique familiale (conjointe de libéral, exploitation agricole…). La reproduction de la force de travail nécessaire au capitalisme pourrait être assurée d’autres façons (des communautés d’hommes par exemple) mais le patriarcat permet l’appropriation par la « classe » des hommes des richesses produites par la « classe » des femmes

    Évidemment que patriarcat et capitalisme sont interdépendants. Mais autonomes cependant.

    Pourquoi pas une société communiste où bobonne continue à laver les chaussettes du prolétaire ? A faire des petits plats et à tricoter des pulls ?

    J’ai le fantasme d’un système où les femmes refuseraient la cohabitation hétérosexuelle, refusant par là même le patriarcat. Et le condamnant à disparaître. Comme si les ouvriers et ouvrières désertaient les usines.

    [murmures] Ah ben voilà, j’ai encore écrit un truc pas clair. Bravo à moi 🙂

    Le patriarcat préexistait au capitalisme, effectivement. Ce que TC essaie de dire, et je suis d’accord avec ça, c’est justement que le capitalisme se base sur le patriarcat pour exister, comme toutes les autres sociétés de classe l’ont fait avant lui. Sans patriarcat, pas de société de classe et de domination. Mais, par contre, le patriarcat n’a jamais existé tout seul, sans s’articuler avec un autre mode de production. Je crois pas qu’il puisse y avoir de société « simplement patriarcale ». Si on ne fait pas crever le patriarcat, une autre société de classe se remettra en place toute seule comme une grande, ou quelque chose comme ça, vu que le patriarcat c’est la fondation des sociétés de classe.

    D’où la question de la post-existence du patriarcat: je partage toujours une sorte de base du marxisme, qui est de dire que le capitalisme, c’est la Rolls Royce de la domination. Une fois qu’on en est arrivé au capitalisme, l’abattre, ça implique d’en finir aussi avec tout le reste (dont le patriarcat), sinon on y arrivera pas. Soit le capitalisme se perpétue jusqu’à plus soif, soit on vient à bout de lui et de toute domination par la même occasion. Dans ce sens, le patriarcat ne pourrait pas post-exister au capitalisme, puisque le patriarcat fonde les sociétés de classe, et qu’on en aura fini avec ça si on abat le capitalisme. D’où justement l’enjeu d’abattre le patriarcat: sans ça, on ne peut tout simplement pas en finir avec le capitalisme. Une révolution anticapitaliste doit être antipatriarcal, sinon, elle n’y arrivera pas.

    Et si on dit que le communiste, c’est la destruction de toute société de classe (vaste programme), un système où bobonne laverait les chaussettes de môssieur, ce n’est pas du communisme. Même si l’exploitation capitaliste a disparu.

    C’est un peu plus compréhensible, ou ma maladresse légendaire d’expression a encore frappé ?

  2. 2 Christine said at 14 h 17 min on décembre 14th, 2010:

    ooops, l’est bête la machine, elle a cru que mon nom c’est « name »

    [murmures]
    Bouarf, c’est un joli nom aussi, « name » 🙂

  3. 3 Christine said at 18 h 24 min on décembre 14th, 2010:

    Nan, c’est clair. Question de vocabulaire sur ce qu’est le communisme (le mien serait libertaire mais c’est pas le sujet). Quand je vois les camarades révolutionnaires je suis SÛRE qu’ils peuvent inventer le communisme patriarcal ;-))

    Mais je pense que c’est la disparition du patriarcat qui contient celle du capitalisme et pas le contraire. Parce que le combat antipatriarcal, c’est le combat pour les plus faibles et les plus opprimé-es, partout, et qui peut le plus… Aujourd’hui, si tu luttes pour la disparition du temps partiel ou des salaires de misère, tu luttes pour les femmes et pour les hommes, pour toutes les personnes concernées. Si tu luttes pour la contraception et l’IVG, tu luttes pour le plaisir de tout le monde… Si tu luttes contre les violences faites aux femmes, tu luttes forcément contre toutes les violences…

    Par contre combien de syndicats prennent en compte la lutte contre le temps partiel ou les amplitudes de boulot des caissières, contre les boulots de service à la personne où les heures passées en voiture sont pas comptées… combien de syndicats disais-je luttent pour les pbs spécifiques au travail des femmes ?

    Et se débarrasser du patriarcat c’est se débarrasser du chef de famille et donc de tous les chefs.

    On peut se mettre d’accord sur le fait qu’il faut lutter à égalité contre les deux. C’est déjà un grand pas pour un marxiste *mouarf*

    Sinon, une remarque technique de lectrice de blog, c’est pas pratique que tu fasses pas un nouveau comm quand tu réponds, du coup faut aller voir les anciens alors que sinon l’abonnement au flux rss suffit pour avoir les nouveautés.

  4. 4 murmures said at 0 h 24 min on décembre 15th, 2010:

    On peut se mettre d’accord sur le fait qu’il faut lutter à égalité contre les deux. C’est déjà un grand pas pour un marxiste *mouarf*


    A égalité contre les deux c’est sûr. Après, comment faire pour que les deux luttes se nourrissent l’une de l’autre ? Je veux dire, pour trouver le terrain politique qui fait que tout ça n’est pas envisagé comme séparé ? Et je sens une certaine moquerie de ta part quand je dis « marxiste ». Je pourrais dire « matérialiste », comme ça j’aurais Christine Delphy de mon côté 🙂

    Sinon, une remarque technique de lectrice de blog, c’est pas pratique que tu fasses pas un nouveau comm quand tu réponds, du coup faut aller voir les anciens alors que sinon l’abonnement au flux rss suffit pour avoir les nouveautés.


    J’utilise pas de RSS moi-même, alors je m’en étais pas rendu compte. Merci pour le conseil !

  5. 5 Christine said at 16 h 10 min on décembre 15th, 2010:

    Non, je me moque pas, j’admire sincèrement. Les militants « lutte de classe » convaincus de l’importance égale de l’anti patriarcat sont pas légion.

  6. 6 carbure said at 11 h 04 min on octobre 7th, 2014:

    Qu’il faille articuler le patriarcat et le capitalisme, cela suppose d’une part l’existence de quelque chose qui serait le patriarcat, et qui reste à définir (mode de production ou terme général pour « la domination masculine » ?), et d’autre part que ce patriarcat serait séparé du capital, puisqu’il faut les « articuler » l’un à l’autre. Quoi qu’il en soit de ce débat et de cette problématique, je tiens à dire que ce problème N’EST PAS celui de TC, contrairement à ce qu’affirme l’auteur de l’article. Ce serait plutôt celui d’Incendo dans la brochure Genre & Classes, que TC a critiqué. Le problème de TC est la totalité capitaliste, et prétendre que quelque chose comme « le patriarcat » serait indépendant de cette totalité, transhistorique, c’est absurde d’un point de vue marxiste et ça ne signifie rien d’autre que la naturalisation de la domination masculine. Just sayin’.

  7. 7 carbure said at 11 h 14 min on octobre 7th, 2014:

    « Le « patriarcat » n’a jamais été ni un rapport de production, ni un mode de production. L’histoire du patriarcat est une illusion d’optique historique, tout comme, à un autre niveau, l’histoire de l’État, de la religion, de l’art… S’il n’existe ni histoire du patriarcat, ni même d’histoire des rapports hommes/femmes, c’est qu’il s’agit d’un rapport chaque fois spécifiquement reproduit par chaque mode de production qui en est la condition. Le rapport entre hommes et femmes est consubstantiel à l’existence même de l’exploitation et du surtravail. Le surtravail est le concept structurant les deux divisions sans les confondre (prolétaires/capitalistes ; hommes/femmes). Dans le mode de production capitaliste on commettrait une erreur si on établissait la succession des catégories économiques dans l’ordre de leur influence historique. » TC23

  8. 8 murmures said at 11 h 03 min on mars 6th, 2016:

    Oula, ça faisait longtemps que je n’étais pas venu ici.

    Merci de l’explication de texte carbure. J’ai en tête les finesses que tu signale concernant TC, mais le but était de rendre compte d’une manière lisible de leurs positionnements, et je pense l’avoir fait dans ce texte.

    Sinon, je ne vois pas où j’ai dit que le patriarcat serait « transhistorique », « indépendant du capitalisme » et autres méchancetés anti-marxistes.

    Cela dit, dire que le patriarcat pourrait être un mode de production à part qui serait autonome du capitalisme est possible (Christine Delphy en est un bon exemple), et n’implique pas que ce même patriarcat soit « naturel ».

    La prochaine fois, on se fait la discussion sans balancer des citations ni des anathèmes, ça te va ?