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Notes de lecture – Catharine McKinnon – introduction

Posted: octobre 11th, 2009 | Author: | Filed under: Genre, patriarcat | Commentaires fermés sur Notes de lecture – Catharine McKinnon – introduction

Pfffiouu … J’ai enfin réussi à retrouver le temps d’écrire un petit peu au milieu du chaos de ma vie. Comme je l’avais dit dans mon texte précédent, je vais parler d’une auteure féministe américaine, qui s’appelle Catharine McKinnon (je met un lien vers la page française de wikipedia, mais allez voir l’anglaise si vous pouvez et que ça vous intéresse, elle est plus détaillée).

Quand j’ai entendu parler de McKinnon pour la première fois, c’était dans le cadre d’une discussion où le lieu commun des ‘féministes américaines radicales anti-sexe et anti-pornographie’ a été amené. Ce cliché est connu : au cours d’une discussion sur le harcèlement sexuel, sur le ‘politiquement correct’ (ce fameux truc dont personne ne sait vraiment ce qu’il veut dire) ou sur un épisode d’Ally McBeal, quelqu’un-e va probablement amener l’idée qu’aux USA, les ‘féministes radicales’ détestent le sexe et la pornographie et ont voulu (et réussi à) faire passer des lois là-dessus qui font que ce pays est maintenant prude, et que ça a débouché sur une vague gigantesque de procès farfelus où des ‘victimes’ prétendaient tout contrôler sur le lieu de travail. Peut-être que je suis le seul à avoir des fréquentations qui disent ce genre de choses, mais en tout cas, moi, j’ai souvent entendu cette idée. Dans ce cadre-là, en général, on parle de McKinnon (souvent avec sa camarade Andrea Dworkin) comme faisant partie du camp de ces ‘féministes anti-sexe’ étranges et incompréhensibles.

Sans y réfléchir trop, j’ai eu la même idée en tête pendant longtemps. Ça fonctionne bien parce que déjà parler des ‘féministes radicales’ c’est flou, mais alors parler des ‘féministes radicales américaines’, ça amène dans un terrain bien mystérieux, vu que, c’est bien connu, les États-Unis sont un pays étrange et mystérieux, pas vraiment comme chez nous, et qu’illes font vraiment des trucs fous, ces américain-e-s. En plus, McKinnon est juriste, et a travaillé pendant longtemps à élaborer et rendre applicables des outils légaux anti-harcèlement, ce qui, dans ma culture politique anarchiste, est une faute grave, vu que participer à l’élaboration des lois, c’est soutenir la domination étatique.

J’ai rencontré théoriquement McKinnon plus tard, sans le vouloir vraiment, au fil de mes réflexions. Comme j’en ai déjà (vaguement) parlé dans une de mes notes sur Tiqqun, l’idée qu’on se fait du pouvoir dans la culture politique qui est la mienne (anarcho-, gauchisto-, …) me semble un peu foireuse. J’ai l’impression qu’on a pas beaucoup avancé depuis le vieux Marx, pour qui le pouvoir c’était l’État, c’est-à-dire une "bande d’hommes en armes". Je crois qu’on pense par chez nous le pouvoir exclusivement en terme de "répression" : le pouvoir, il existe quand il nous empêche de faire quelque chose qu’on voudrait faire. Une fois parti de ce principe, qu’il faille tuer le flic "qui est dans nos têtes" ou l’attaquer ailleurs, ça ne change pas grand chose au fait que quand on pense pouvoir, on pense flic. Même si, de nos jours, après Foucault, on dit des trucs sophistiqués sur le "biopouvoir", j’ai l’impression qu’on reste dans le même moule théorique : chacun-e d’entre nous a des pulsions/envies/désirs (voire même une "ligne d’accroissement de puissance" quand on cause le Tiqqun) et un vilain pouvoir vient nous empêcher de réaliser tout ça en nous réprimant, le salaud. Moi, j’avais l’impression que c’était plus compliqué que ça. 

Vu que ce moule théorique que je voyais me plaisait pas trop, j’ai commencé à essayer de réfléchir sur le sujet. Sur ce blog, j’ai déjà essayé de partager le fil de cette réflexion (par exemple , ou ), et c’est assez facile de voir que cette réflexion a été nourrie plutôt beaucoup par la réflexion féministe et la théorisation des genres en général. En effet, j’ai l’impression que les réflexions les plus abouties sur les mécanismes de (re)production des relations de pouvoir et de domination se trouvent souvent chez des personnes réfléchissant dans un cadre théorique marqué par la réflexion sur les genres. C’est dans ce cadre-là que j’ai découvert que cette fameuse Catharine McKinnon avait publié en 1989 un bouquin qui s’appelle Towards a feminist theory of the state, c’est-à-dire Vers une théorie féministe de l’État. Le titre m’inspirait quelque chose, et les infos que j’ai réussi à chopper sur le net disaient que ce bouquin démarrait sur une tentative de confrontation et de critique mutuelle du "marxisme" et du "féminisme". Hop là, ça m’intéressait, et je me suis donc lancé dans la lecture de ce bouquin.

Vu que j’en ai tiré des choses, j’ai eu envie de faire des notes de lecture pour revenir sur tout ça et approfondir ma réflexion en parallèle. Donc, voilà, je fais essayer d’écrire dans les jours à venir plusieurs notes de lecture sur ce bouquin et comment je l’ai lu. Ça va donc être des notes de lecture, mais aussi une tentative d’avancer sur plusieurs points de mes réflexions, en lien avec le texte de McKinnon. Je ne prétends absolument pas restituer la réflexion de McKinnon en faisant ces notes, et plus il y a aura de lectures différentes faites autour de ce bouquin, plus ça sera intéressant, je crois.

Pour le bouquin proprement dit, il est paru en 1989 dans le cadre d’une thèse en sciences politiques, mais il rassemble plusieurs textes écrits à des périodes différentes, rassemblés et rendus cohérents après coup. Je n’ai pas réussi à trouver de traduction française, je vais donc en bidouiller une, au fur et à mesure des besoins de mes notes. Bon, comme pour toute traduction, je ne garantis rien, je vais essayer de la rendre aussi claire et précise que possible, mais je vais probablement faire des boulettes.

Pour commencer, un petit bout de la préface, petit bout qui décrit le point de départ du livre (le lien vers la page wikipedia sur Adrienne Rich est un ajout de ma part, bien sûr):

Mon intention de départ était d’explorer les connexions, les contradictions et les conflits entre les théories marxistes et féministes de la conscience, théories qui fondent chacune l’approche de l’ordre social et de sa transformation qu’a le marxisme ou le féminisme. En comparant l’idée que ces deux théories avaient de la relation entre les formes physiques et mentales de maintien de la domination, je voulais comparer l’explication féministe de l’assujetissement des femmes, compris selon les mots d’Adrienne Rich en 1972, comme condition "partagée, non-nécessaire, et politique", avec l’explication marxiste de l’exploitation de la classe ouvrière. Je pensais que le mouvement des femmes avait une compréhension de la conscience qui pouvait contribuer à saisir et à affronter la domination sociale.


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