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Posted: décembre 29th, 2009 | Author: murmures | Filed under: Fils historiques | Commentaires fermés sur workhouses
dans les débuts de l’angleterre capitaliste, surtout au XVIIIème/XIXème siècles, se posa rapidement le problème des pauvres oisifs, qui pour une raison ou une autre ne pouvaient (ou ne voulaient) plus travailler. vieux et vieilles, sans-emplois, handicapé-e-s, enfants abandonné-e-s, vagabond-e-s, … dès le XVIème siècle, l’Etat va promulguer une « Loi sur les pauvres » (
Poor Law, en anglais) qui va organiser la gestion de la survie de tou-te-s ces indigent-e-s, qui ne peuvent survivre pour leurs propres moyens et dont la société doit donc s’occuper.
cette gestion des pauvres était organisée au niveau des paroisses, et donc gérée au niveau exclusivement au niveau local, par les notables du coin, qui étaient chargés de juger quel-le pauvre était « méritant-e » ou non, et donc à qui irait les aides financières et matérielles disponibles, et à qui elles n’iraient pas. le but était de rendre le système d’aide le plus limité et le plus désagréable possible, histoire de limiter le nombre de pauvres entretenu-e-s et donc le coût global de ces aides, et de remettre au travail le plus de monde possible, le plus vite possible. par exemple, les orphelin-e-s ou les enfants dont les parents étaient trop pauvres pour s’en occuper étaient directement placé-e-s en apprentissage auprès d’un artisan, sans bien entendu leur laisser aucun choix quand à leur futur métier.
petit à petit, un élément central de ce dispositif va se développer: les workhouses (« maisons de travail »). les workhouses, ce sont des endroits où on isole en masse les pauvres, pour les couper de leur milieu de vie, les maintenir sous une surveillance et une discipline de fer, et les faire travailler dans des conditions incroyablement rudes. en « échange » de leur travail, ils étaient nourris, logés et blanchis. par rapport au fait de distribuer de la nourriture ou de l’argent à des pauvres qui resteraient chez elleux, l’avantage est bien entendu de pouvoir exercer une grande discipline et de les obliger à travailler, ce qui permet à la fois de les former petit à petit à accepter les conditions de travail exécrables de l’époque, mais aussi permet de pousser pleins de ces pauvres à éviter à tout prix d’aller demander ces aides, et donc de diminuer un maximum les coûts de l’aide social pour ceux qui payent des impôts.
les conditions de vie étaient donc absolument affreuses, le confort minimum, la nourriture dégueulasse, les femmes et les hommes étaient séparé-e-s, et aucun égard n’était accordé aux amitiés, à la famille, et en général aux liens éventuels entre individu-e-s. il s’agissait en gros de prisons pour pauvres, sachant que celleux qui refusaient de jouer aux bons pauvres et de se plier à ce système avaient toujours la menace de la « vraie » prison qui leur pendait au nez.
petit à petit, ces workhouses vont se révéler tellement « efficaces » que leur usage va devenir la forme quasi-exclusive d’aide qui soit accordée aux personnes demandeuses d’aides sociales. en parallèle avec la militarisation des manufactures de l’époque, ça montre que la continuité lieu de travail/ANPE (pardon, Pôle Emploi)/prison, ça marchait déjà fort à l’époque.
dans un très chouette bouquin,
The Making of the English Working Class, de E.P. Thompson (un historien anglais contemporain), j’ai trouvé un bout d’un poème de
George Crabbe, un médecin, naturaliste, et poète anglais de la fin du XVIIIème siècle/début du XIXème, qui parle de ces workhouses. l’extrait est tiré d’un long poème qui s’appelle « L’arrondissement » (
The Borough).
Je n’aime pas votre plan; – avec un nombre
Vous avez placé vos pauvres, vos êtres misérables;
Ici, dans une maison, à demeurer tout au long de leurs vies,
Dans ce palais des indigents, dont ils détestent la vue:
Cet énorme bâtiment, ces murs immenses,
Ces allées décrépites, cette entrée massive et tonitruante !
Cette large horloge sonnante, qui marque chacune de ces maudites heures,
Ces portes et ces verrous, et tous ces signes de pouvoir:
C’est une prison qui n’a que le nom d’adouci,
Et où peu résident sans honte ou sans effroi.
le terme « palais des indigents » (en anglais: pauper-palace) est un surnom donné à ces institutions par quelques écrivains de l’époque, notamment Dickens.
ces workhouses ne vont disparaître que dans les années 1930/1940, avec l’évolution du régime des Poor Laws vers un système d’état-providence.
Posted: décembre 24th, 2009 | Author: murmures | Filed under: Murmures | Commentaires fermés sur Guerre civile
On pourrait faire une (mauvaise ?) parodie du Manifeste du Parti Communiste et dire qu’un spectre hante la France en ce moment, et que ce spectre est celui de la guerre civile.
Ça faisait longtemps que les gauchistes criaient en manif que « ça allait pêter » (je dis longtemps, je sais pas de quand date ce grand classique du slogan de manif. 1994 ? 1995 ? 1997 ? Si quelqu’un-e sait …). Mais là, on a une ministre de l’intérieur qui dit qu’il faut s’inquiéter, on a un ancien premier ministre qui parle de « risque révolutionnaire« , un journal degôche qui titre sur « L’insurrection française« , un gouvernement qui retire une réforme des lycées par peur de plusieurs semaines d’émeutes ayant lieu dans un autre pays d’Europe, … Il y a aussi (du côté des gouverné-e-s) la colère un peu sourde, mi-impuissante, mi-rageuse qu’on entend au fil des manifs, des actions, des discussions. Bref, depuis quelques temps, on a un certain climat où beaucoup de monde se dit qu’il va y avoir une grosse confrontation d’ici pas longtemps. La ligne de fracture se fait entre les cramé-e-s pour qui c’est une bonne choses et les gens respectables qui annoncent la catastrophe. Je crois bien que si l’Insurrection qui vient a fait autant de bruit (et qu’il est actuellement dans les rayonnages des librairies les plus commerciales), c’est que ce bouquin a saisit une ambiance du moment, un parfum de l’époque.
Justement, comme le dit bien IQV (Insurrection Qui Vient) et d’autres textes du même genre qui sont venus avant (Tiqqun, l’Appel, …), au-delà des formulations, je crois que ce qui se joue c’est la peur de la guerre civile, de l’affrontement généralisé qui se faufile à l’intérieur de la société, qui tranche les liens sociaux et divise notre monde de l’intérieur. Jusqu’ici, la guerre civile, c’est ce qui arrivait au Rwanda, en Yougoslavie, ou en Colombie, c’est-à-dire dans des pays instables, violents et pas très civilisés, sans que nous occidentaux comprenions ce qui ce passait vraiment. Vous savez, c’était des histoires d’ethnies (parce qu’il faut bien dire qu’une « ethnie », c’est le mot qu’on utilise qu’on on sait pas bien de quoi on parle, une sorte d’identité vague mais ancestrale), de revendications religieuses étranges ou de barons de la drogue. En tout cas, chez nous, ça ne pouvait pas arriver. Maintenant, je crois bien qu’on est plus si sûr-e-s que ça.
Depuis, il y a eu le 11 septembre, la « guerre au terrorisme », le terrorisme « islamiste » qui menace notre mode de vie, alors même qu’il est pour une bonne part en notre sein. Il y a eu aussi les scènes de guerre des contres-sommets, des insaisissables « Black Blocks » qui détruisent et pillent sans qu’on comprenne pourquoi. Il y a eu les émeutes de novembre 2005, où voitures, mairies, écoles et commissariats ont cramé-e-s dans toute la France comme ça, par surprise, sans discours, par des bandes de barbares invisibles jusqu’ici. Dans tous les cas, après, il y a des rechutes. Après le 11 septembre, il y a eu les attentats de Madrid, et puis ceux de Londres. Après Seattle, il y a eu Prague, Evian, et tous les mouvements sociaux comptent maintenant leurs « casseurs » (toujours au masculin) en noir. Après novembre 2005, il y a eu Villiers-le-Bel, et beaucoup d’autres banlieues dont on ne voit le nom à la télé que quand ça brûle. On aurait pu se dire que ça allait être exceptionnel, mais plus ça se reproduit, plus ça devient problématique de le dire. Il peut donc y avoir des évènements directement chez nous; là où on y habite, il peut y avoir des flammes, de la fumée, des gens qui s’affrontent et des villes transformées par des conflits.
D’autres images, qui ont donné d’autres regards sur le monde.
Assez logiquement.
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Posted: décembre 5th, 2009 | Author: murmures | Filed under: Poésie | 1 Comment »
un autre poème, choppé au hasard d’une lecture. en l’occurrence, c’est un poème d’Elizabeth Gurley Flynn, une communiste féministe américaine de la première moitié du XXème siècle. il a été écrit en octobre 1955, alors qu’Elizabeth était en prison avec trois de ses camarades, Marian Bachrach, Betty Gannet et Claudia Jones.
toutes les quatres avaient été arrêtées en 1951 à New York, en plein milieu de la période de la seconde chasse aux révolutionnaires aux USA (la seconde peur rouge), pour avoir « défendu et incité au renversement violent du gouvernement ». leur arrestation s’était faite sous le coup d’une loi qu’on appelait pas encore « anti-terroriste », mais qui en avait l’odeur, le goût et la couleur, puisqu’elle punissait, je cite, le fait de :
« sciemment ou volontairement défendre, soutenir, conseiller ou enseigner le devoir, la nécessité, l’intérêt ou l’acceptabilité du renversement violent du gouvernement des États-Unis d’Amérique, ou de n’importe quel autre État, par la force ou par la violence, ou pour quiconque d’organiser une association enseignant, conseillant ou encourageant un tel renversement, ou pour quiconque de devenir membre, ou de s’affilier d’une quelconque manière à une telle association. » (Smith Act)
votée en 1940, cette loi sur mesure va permettre de mettre en procès et d’emprisonner quelques dizaines de militant-e-s du parti communiste américain, qui était, à l’époque du vote, opposé à l’entrée des USA dans la guerre. les arrestations vont se faire sur la seule base de bouquins, brochures ou autres discours trouvés dans des perquisitions. comme d’habitude avec les lois d’exception, malgré le fait qu’elle aie été votée dans un certain climat, avant la guerre, elle va surtout être utilisée après la guerre, dans un climat complètement différent donc, pour foutre en taule des gens qui (horreur !) « faisaient circuler des écrits marxistes-léninistes ». après que plusieurs condamnations aient été annulées par la Cour suprême, cette loi va être de moins en moins utilisée, mais ne sera jamais abrogée (là encore, la ressemblance avec d’autres lois d’exception est frappante).
en prison donc, une amitié très forte va se maintenir entre Elizabeth et Claudia Jones, avec cette particularité si sympathique de l’époque que, Claudia Jones étant noire, elle va se retrouver dans les quartiers réservés spécifiquement aux femmes noires, avec des conditions de détention différentes. malgré ça, les deux vont rester ami-e-s et camarades très proches. en octobre 1955, Claudia Jones allait sortir de la prison d’Alderson où elle et Elizabeth étaient depuis quelques mois, et Elizabeth écrit ce poème pour le jour de son départ.
la traduction du poème est la mienne, alors pardonnez les maladresses. il y a probablement une autre traduction plus « officielle » de ce poème dans la traduction française du bouquin d’Angela Davis, Femmes, race et classe. d’ailleurs, si vous avez l’occasion, lisez-le, c’est un bouquin théorique vraiment passionnant sur l’histoire du croisement des mouvements féministes, ouvriers et noirs aux USA, plein de perspectives intéressantes (les autres bouquins d’Angela Davis valent le détour aussi).
De plus en plus s’approche ce jour, chère camarade,
Où je me verrai séparée de toi,
Jour après jour, une sombre anticipation triste,
S’est glissée dans mon coeur anxieux.
Ne plus te voir marcher dans la cour,
Ne plus voir tes yeux souriants et ton visage radieux,
Ne plus entendre ton rire joyeux et clair,
Ne plus être entourée de ton amour dans ce lieu triste.
Les mots ne pourront dire comment tu vas me manquer,
Je suis seule, sans personne pour partager mes pensées, ces jours fatigants,
Je suis vide et dépourvue, dans ce matin gris et inquiétant,
Faisant face à mon futur solitaire, enchâssée dans ma vie d’incarcérée.
J’ai parfois l’impression que tu n’as jamais mis les pieds à Alderson,
Tellement tu parais pleine de vie, étrangère à ce lieu.
Si fière de marcher, de parler, de travailler, d’être,
Ta présence ici s’évanouit comme un rêve causé par la fièvre.
Malgré tout, maintenant que le soleil se montre à travers le brouillard et les ténèbres,
Je ressens une joie soudaine que tu sois partie,
Que tu parcoures à nouveau les rues d’Harlem,
Que, pour toi au moins, aujourd’hui soit le commencement de la liberté.
Je serai forte dans notre foi commune, chère camarade,
Je serai autonome, honnête et fidèle à nos idéaux,
Je serai forte pour maintenir mon coeur et ma tête en dehors de cette prison,
Encouragée et inspirée par tes souvenirs pleins d’amour.
quelques jours après sa sortie de prison, Claudia Jones va être forcée à partir des USA, pour aller se réfugier en Grande-Bretagne, sans revoir ses camarades encore emprisonnées.
[mise à jour] j’ai corrigé quelques fautes dans la traduction d’après les remarques judicieuses laissées dans un commentaire. merci pour la relecture 🙂
Posted: novembre 18th, 2009 | Author: murmures | Filed under: Poésie | 1 Comment »
deux poèmes de l’allemagne de l’ouest des années 60, que j’ai trouvés dans un livre qu’on m’a offert.
Règles de préservation de l’autorité officielle
Vous avez le droit de faire
tout ce que nous vous disons.
Mais vous ne devez pas dire
ce que nous faisons.
Vous avez le droit de procéder aux changements
que nous vous demandons.
Mais vous n’avez pas le droit de demander
à ce que nous soyons changés.
Vous avez le droit d’aller
partout où nous voulons.
Mais vous n’avez pas le droit de vouloir
que nous nous en allions.
Lieselotte Rauner
La règle
Non pas l’exception
mais
l’état d’exception
confirme la règle
Quelle règle ?
pour qu’on ne puisse répondre
à cette question
on proclame
l’état d’exception
Erich Fried
[mise à jour] corrigé une faute d’orthographe. décidément, heureusement qu’il y a quelqu’un-e qui me relit 🙂
Posted: novembre 16th, 2009 | Author: murmures | Filed under: Murmures | Commentaires fermés sur loyauté
un jour, une amie très proche m’a dit (grosso modo hein, je garantis pas l’exactitude des termes) : "Je crois qu’on fonctionne pareil avec nos amitiés. T’es comme moi, t’as une logique de clan : ça veut dire que, quoi qu’il se passe, tu vas d’abord défendre tes ami-e-s s’illes sont attaqué-e-s, quite à t’engueuler après coup avec elleux si tu trouves qu’illes ont fait une erreur".
quelques années plus tard, une autre amie très proche (admirez mon talent pour les formules vagues) m’a dit quelque chose qui est assez similaire je crois, mais sous un angle un petit peu différent. Elle, elle parlait de "loyauté", elle disait qu’elle était très loyale avec ses ami-e-s proches, une loyauté inconditionelle qui faisait qu’elle les soutenait toujours en cas de besoin, mais qui ne l’empêchait pas d’avoir des prises de gueules très fortes et des discussions houleuses par ailleurs. j’ai pu constater et être impressionné par la manière dont elle fonctionne là-dessus, par le sens qu’elle mettait effectivement à cette loyauté. elle tient une position de soutien fort en cas de besoin, quite à s’engueuler avec des gens si nécessaire, même si elle n’est pas concernée directement, mais elle est en même temps franche et exigeante sur ce que font ou disent ces mêmes gens envers qui elle est loyale.
moi, pour ma part, j’ai souvent formulé ça comme ça: "soutenir d’abord, s’engueuler ensuite si nécessaire". c’est la même logique qui veut que quand des gens risquent de se faire chopper par les flics, on les sort d’abord de là, et seulement ensuite on pinaille sur le fait de savoir si on est d’accord ou pas avec ce qu’illes étaient en train de faire. "soutenir d’abord", c’est important parce que quand des ami-e-s sont attaqué-e-s, c’est un abandon assez douloureux de se mettre dans ‘l’autre camp’ pour leur faire la morale, et ça ne débouche en général sur rien de bon. "s’engueuler ensuite si nécessaire", c’est important aussi parce que ce soutien inconditionnel n’a de sens que si on peut faire évoluer ce qui nous partage, si on arrive à pas se renfermer dans des amitiés exclusives où tout ce qui est en dehors du cercle n’est qu’un-e ennemi-e dont on se méfie. toujours soutenir béatement ses ami-e-s, ça pollue les liens au bout d’un moment, et vouloir toujours "faire ce qui est juste" sans épauler les camarades quand illes sont isolé-e-s, ça revient parfois à leur foutre un coup de couteau dans le dos en disant "c’est pour ton bien".
récemment, je me suis dit que ce mot de loyauté employé par ma deuxième amie pour parler de ça (‘fin, je crois que c’est de ça dont il s’agit, sous réserve qu’elle m’apprenne que j’ai rien compris à ce qu’elle a dit), il me plaisait bien. sauf qu’en fait c’est plus compliqué que ça.
il y a quelques jours, en discutant avec mon amoureuse, ou plus précisément en essayant avec elle de formuler des choses, je me suis aperçu qu’un nœud très très problématique de ma vie se jouait autour de cette question de l’application de cette loyauté à des histoires amoureuses.
je disais qu’une de mes grandes terreurs dans l’existence, c’était de croire pendant longtemps avoir un lien fort avec quelqu’un-e, pour ensuite me rendre compte que, quand je suis pas là ou après la fin de la relation ou au détour d’une conversation ou d’autres situations de ce genre, la personne balançait des saloperies sur moi. pour moi, les saloperies, c’est les choses qu’on dit pour faire mal, qu’on dit en sachant qu’on exploite un point de faiblesse. les saloperies, c’est le célèbre "de toute façon, t’es comme ta mère" détestable qui sort pendant une engueulade de couple de film. je disais que c’était un point fondamental de mes relations, d’essayer de les construire sans saloperies, sans que l’un-e ou l’autre utilise à un moment les faiblesses qu’ille a découvert sur la personne pour blesser, pour rabaisser, pour pourrir l’autre. ne pas faire de saloperies, pour moi, c’est respecter l’intimité présente ou passée. ça n’empêche pas de se prendre la gueule, de dire des choses dures quand c’est nécessaire, mais je vois un peu ça comme un ring de boxe : tu peux taper, mais y’a des coups bas à ne pas utiliser. c’est une autre manière de formuler cette histoire de loyauté par exemple, au sens où derrière, il y a la même idée de ne pas charcler dans les situations de faiblesse.
en fait, souvent, ces saloperies, je crois qu’elle font si mal parce qu’elles jouent sur des rapports de pouvoir, sur des mécanismes sociaux de domination, qu’elles ramènent souvent tout le poids de la norme dans la gueule de la personne visée. souvent, ces saloperies, elles fonctionnent en rappelant à la personne qu’elle n’est qu’un-e femme/noir-e/loosereuse/mocheté/pauvre/handicapé-e affectif/… des différentes saloperies que je me suis prises dans la gueule (et j’ai rencontré des gens assez créatifs là-dessus, qui se reconnaîtront peut-être un jour je l’espère. big up !), j’ai déduit qu’elles fonctionnaient souvent en ramenant la personne à sa place, en lui rappellant que, quoi qu’elle fasse, finalement, elle ne restait qu’un-e *bip*.
c’est là que le problème se trouve quand on mélange ça avec des relations amoureuses. les relations hétéro (j’ai qu’à parler que des relations hétéro, vu que j’en ai jamais eu d’autres) sont assez saturées de représentation assez nazes et assez répandues socialement à propos de comment elles doivent fonctionner, quel doit être le rôle de "l’homme" et le rôle de "la femme" par exemple, et c’est encore renforcé par la composante sexuelle de l’histoire, étant donné que dans notre société, le sexe est saturé de mécanismes de pouvoir et d’imaginaires pas clairs. à partir de là, ça donne des relations qui ne démarrent pas vraiment sur une base égalitaire ou loyale, et donc, tous les coups sont souvent permis. et là, en disant ça à ce point de la discussion, je me suis rendu compte qu’une de mes peurs fondamentales dans mes relations amoureuses venait de là, du fait que j’avais l’impression que c’était beaucoup plus difficile de construire des relations amoureuses fonctionnant de manière chouette, claire, et loyale, et que donc, j’avais une trouille féroce que les engagements de loyauté ne soient pas tenus et que je me retrouve à un moment avec mes points faibles connus et utilisés dans la joie et la bonne humeur.
disons que j’ai l’impression de gérer à peu près dans mes histoires amicales pour essayer de constuire un terrain de confiance où les mécanismes de domination sont suffisament neutralisés/atténués/conscientisés pour qu’il soit possible que ça ait du sens d’être loyaux/ales les un-e-s envers les autres, mais que cette même construction me semble beaucoup plus difficile dans le cas de relation affectivo-amoureuse, étant donné que s’il y a bien un endroit où les mécanismes de pouvoir se lâchent, c’est là.
pour l’instant, j’en reste là, mais après le texte sur les jalousies, c’était un nouveau texte où j’essaie de mettre au clair des choses intimes que je travaille en ce moment.