Apartheid(s) en Afrique du Sud et en Palestine, comparaison historique
Posted: décembre 1st, 2010 | Author: murmures | Filed under: Pays arabes, palestine | 5 Comments »Depuis quelques années, la référence à l’apartheid Sud-Africain est devenue courante dans les discussion sur la situation faite aux Palestinien-ne-s. L’apartheid (« état de séparation » dans la langue coloniale locale) était un ensemble de mesures économiques, sociales et politiques destinées à maintenir les noir-e-s et métis d’Afrique du Sud dans une position d’exclusion de la société blanche dominant le pays à l’époque. Avec les évolutions récentes de la politique israéliennes, beaucoup de palestinien-ne-s et de membres du mouvement de solidarité ont commencé-e-s à se rendre compte qu’on pouvait trouver de nombreux points communs entre les mécanismes utilisés en Palestine et ceux qui étaient utilisés en Afrique du Sud il y a encore vingt ans. Si on ajoute à ça le fait que l’apartheid a été victorieusement démantelé, ce système et surtout la lutte qui a pu mener à sa disparition semblent effectivement pouvoir amener des perspectives intéressantes en Palestine. C’est à ce moment-là que je me suis rendu compte, qu’à part Nelson Mandela et Invictus au cinéma, je ne connaissais quasiment rien au sujet de la lutte anti-apartheid, ni même au sujet du fonctionnement précis de ce système colonial bien particulier. Je me suis donc mis à lire, et je met ici par écrit le résultat de mes lectures, et les questions que tout ça m’amène dans le cadre du mouvement de solidarité avec le peuple palestinien.
En Afrique du Sud, l’apartheid (qui va être mis en place dans les années 20/30 et va s’effondrer à la fin des années 80) fonctionnait autour de trois axes: apartheid politique, apartheid économique, apartheid social.
- l’apartheid social, c’est celui qui organisait la séparation physique et quotidienne des communautés, à travers la ségrégation dans les lieux publics, les transports en commun, les écoles, les logements, mais aussi interdiction des relations sexuelles entre « races » et des mariages mixtes. Le but était de diviser géographiquement la société, entre des zones noir-e-s et des zones blanc-he-s. A divers degrés, certaines de ces séparations racistes existent dans de nombreux pays (à commencer par chez nous), mais en Afrique du Sud d’apartheid, tout ceci était intégré à la loi et l’Etat mettait toute sa force à disposition pour faire appliquer ces mécanismes de séparation.
- l’apartheid économique, c’est celui qui assurait la perpétuation de la supériorité économique des blanc-he-s, et qui aussirait le maintien des noir-e-s dans leur statut de main d’oeuvre sous-qualifiée et sous-payée. Il limitait les possibilités d’accès à la propriété, de création d’entreprise, et d’accumulation de capital pour les noir-e-s, afin d’empêcher au maximum le développement d’une bourgeoisie noire qui aurait pu entraîner un développement économique autonome des noir-e-s. En parallèle, il maintenait par la force de la loi les noir-e-s à des emplois sous-qualifiés et sous-payés qu’illes étaient quasiment les seul-e-s à effectuer (dans l’agriculture et dans les exploitations minières essentiellement). Mais il empêchait aussi l’existence de syndicats noir-e-s afin d’empêcher toute organisation collective des travailleureuses noir-e-s, et donc toute amélioration de leurs conditions de travail et de leurs salaires.
- l’apartheid politique enfin, qui maintenait le pouvoir d’état entre les mains des blanc-he-s. Les moyens étaient classiques: interdiction du vote des noir-e-s ou vote « par communauté » qui permettait toujours aux blanc-he-s d’avoir une influence disproportionée par rapport à leur nombre (un peu comme les chrétiens maronites dans le Liban des années 70), limitation drastique voire même totale de la liberté d’expression et d’association des noir-e-s (afin d’empêcher l’émergence de partis institutionnels noir-e-s). L’objectif (atteint) était de faire de l’Etat Sud-Africain un état blanc, un état des blanc-he-s pour les blanc-he-s.
Pourquoi distinguer entre ces trois axes ? Parce qu’au fil de l’érosion de l’apartheid, les trois vont évoluer à un rythme différent. L’apartheid économique va se révéler le plus difficile à maintenir, et son érosion va de plus en plus mettre en danger l’apartheid social, ce qui va finir par permettre à l’apartheid politique de prendre fin. Les trois axes sont bien entendus liés: c’est le pouvoir politique blanc qui fait respecter l’apartheid social, et cet apartheid social sert des intérêts économiques bien précis. Néanmoins, malgré leur liens, ces trois dimensions de l’apartheid obéissent à des logiques autonomes, même si interdépendantes, et vont donc évoluer à des rythmes différents.
Un livre d’une historienne britannique (je crois), Merle Lipton, décrit la dynamique interne de la société sud-africaine qui va amener à cette érosion progressive et différenciée de l’apartheid. Pour cela, elle décrit historiquement les différents composants de l’oligarchie blanche, afin de montrer comment l’évolution de l’influence et des intérêts de ces différents couches de la société blanche va affaiblir petit à petit l’apartheid. Elle délimite quatres classes blanches différentes qu’elle analyse: la bourgeoisie agricole, la bourgeoisie minière, la bourgeoisie industrielle et enfin la classe ouvrière. Chacune de ces classes va se positionner différemment par rapport à l’apartheid en fonction de sa situation propre, et l’évolution du capitalisme sud-africain va amener le rapport de force entre ces classes à évoluer. Combiné à la la lutte constante des noir-e-s et des métis sud-africains, c’est ce changement dans les rapports de forces entre classes qui va amener à l’érosion de l’apartheid. L’évolution de ce rapport de forces entre les classes est, quand à elle, liée à une autre évolution, celle du capitalisme sud-africain.
En effet, l’établissement de ce régime d’apartheid en Afrique du Sud dans les années 20/30 se fait pour une raison très simple: transformer les indigènes en main d’oeuvre bon marché afin de permettre le développement d’un capitalisme sud-africain autonome du capitalisme britannique. Assez logiquement, priver les noir-e-s de toute possibilité de regroupement, d’organisation collective et politique est une assez bonne recette pour créer un prolétariat qui ne peut s’organiser collectivement et donc ne peut obtenir des hausses de salaire, des améliorations des conditions de vie, … Cette main d’oeuvre va être utilisée pour l’essentiel dans deux secteurs: l’agriculture et l’exploitation minière. Ces deux secteurs vont être les secteurs moteurs de l’économie sud-africaine jusque dans les années 70 et ce sont les profits générés par ces secteurs moteurs qui font permettre le développement de l’Afrique du Sud et sa transformation en une société moderne et riche. L’apartheid va permettre la création de cette société capitaliste moderne « à l’occidentale », mais va aussi assurer une distribution des richesses telles que la bourgeoisie et les classes moyennes vont être essentiellement blanches, et les noir-e-s vont être confinées dans les profondeur de la classe ouvrière.
Reposant très peu sur l’utilisation d’une machinerie complexe, l’agriculture et le secteur minier étaient particulièrement demandeurs d’une main d’oeuvre peu qualifiée et nombreuse, et ce sont les capitalistes de ces secteurs qui vont pousser à l’établissement de l’apartheid dans les années 20 afin de faire des noir-e-s d’Afrique du Sud ce prolétariat dont ils avaient besoin pour développer leur activité. C’est là que les problèmes commencent: dans les années 70, ces secteurs ne vont plus être suffisants pour poursuivre le développement économique de l’Afrique du Sud dans un contexte économique mondial qui s’oriente de plus en plus vers la prédominance des produits industriels produits en masse. Dans ce contexte, la bourgeoisie agricole et la bourgeoisie minière se retrouvent de plus en plus désavantagées étant donné que leurs secteurs sont en déclin, et c’est donc la bourgeoisie industrielle qui va pouvoir tirer son épingle du jeu.
Or, pour pouvoir développer une vraie industrie sud-africaine, il faut une classe moyenne pour acheter les produits de cette industrie, et la classe moyenne exclusivement blanche est bien trop réduite pour fournir une base à un capital industriel sud-africain. De plus, le développement industriel nécessite aussi une main d’oeuvre qualifiée et éduquée, pouvant travailler sur des machines complexes et sophistiquées, et la classe ouvrière blanche était trop réduite pour fournir une quantité suffisante de travailleureuses qualifié-e-s. Pour la bourgeoisie industrielle, il était donc nécessaire d’éduquer le prolétariat noir pour disposer d’une plus grande réserver ouvrière qualifiée, ce qui va amener à satisfaire des revendications ouvrières correspondant à l’augmentation de qualification, et donc à la création d’une classe moyenne noire (notamment par l’augmentation graduelle des salaires des travailleureuses noir-e-s), classe moyenne qui va pousser pour l’obtention de droits politiques. L’enchaînement logique entre les différentes formes d’apartheid dont j’avais parlé plus haut apparaît ici: la transformation des rapports de force économiques pousse à des transformations sociales qui vont forcer à leur tour des transformations politiques.
Où est-ce que je veux en venir avec tout ça ? Quand l’apartheid commence à s’effondrer à la fin des années 80 en Afrique du Sud, toute une fraction de la bourgeoisie locale, celle la plus liée au développement industrielle, est maintenant convaincue de la nécessité d’en finir avec ce système qui bloque le développement économique sud-africain. Dans de nombreux domaines, l’apartheid était déjà en voie de disparition, et il ne restait intouché que sur le plan politique. C’est dans ce contexte que l’ANC de Nelson Mandela va pouvoir jouer de multiples cartes (dont un soutien international qui fut utile, mais pas déterminant) pour finalement obtenir la fin de cet apartheid politique et la participation des noir-e-s au pouvoir étatique. Il est clair que, même convaincue de la nécessité d’en finir avec l’apartheid, la bourgeoisie industrielle sud-africaine aurait préféré des réformes plus graduelles et une transformation sociale plus lente afin de garder un maximum de contrôle sur le processus; les luttes politiques noir-e-s ne laisseront pas ce luxe à la bourgeoisie sud-africaine. Néanmoins, le fait que l’apartheid était déjà remis en cause par une fraction importante de la bourgeoisie blanche de l’Afrique du Sud a facilité son érosion progressive dès le milieu des années 70, et la victoire finale de l’ANC aurait probablement eu lieu d’une manière très différente si cela n’avait pas été le cas.
C’est là, à mon sens, que la différence avec la Palestine se joue. Les palestinien-ne-s vivent une situation d’apartheid très proche de celle qui a pu exister en Afrique du Sud, mais la dynamique sociale me semble très différente. En terme démographique déjà: les noir-e-s étaient ultra-majoritaires en Afrique du Sud, ce qui n’est pas le cas des Arabes en Palestine, où c’est à peu près 50/50. Ensuite, comme le rappelle le texte de Kanafani que j’ai traduit il y a quelques temps, la colonisation juive en Palestine s’est construite dès le départ autour du « travail juif »: les palestinien-ne-s ont été privé-e-s de leurs terres, mais l’économie israélienne ne repose pas essentiellement sur le travail palestinien. Tout au long du XXème siècle, les vagues d’immigration juives vers Israël ont fourni de manière constante une main d’oeuvre de plus en plus massive à l’économie israélienne sans que celle-ci ne se retrouve à dépendre de plus en plus des Arabes. Par exemple, après la première Intifada (c’est-à-dire au début des années 90), l’arrivée massive des juif-ve-s d’Europe de l’Est va permettre de réduire la présence des palestinien-ne-s dans l’économie israélienne, permettant d’isoler quasiment complètement l’économie israélienne de l’économie palestinienne (le mur de séparation rendant cette séparation très concrète à partir de 2004) et donc de limiter l’impact de futures vagues de grèves dans les territoires palestiniens (dans son bouquin génial Boire la mer à Gaza, la journaliste israélienne Amira Hass décrit ça plutôt très bien). Je pense qu’une des raisons de l’échec quasi total de la seconde Intifada et de son passage très rapide à une lutte armée à peu près sans espoir tient justement au fait que la grève générale qui avait été une arme essentielle de la première Intifada n’était plus aussi efficace une décennie plus tard, et cet état de fait est lié à la facilité qu’a l’économie israélienne de trouver constamment de nouvelles sources de main d’oeuvre par l’immigration juive.
La situation sociale étant différente, la dynamique sociale l’est aussi, ce qui se traduit par le fait qu’à ma connaissance, aucune couche significative de la population juive israélienne ne perçoive la fin de l’occupation comme souhaitable ou même comme nécessaire. La bourgeoisie industrielle qui avait besoin de l’assouplissement de l’apartheid pour faciliter son expansion économique n’a pas d’équivalent en Israël. La croissance actuelle de l’économie israélienne repose sur le high-tech et l’exportation sécuritaire et militaire, qui ne sont pas particulièrement des secteurs où les besoins en main d’oeuvre sont gargantuesques. Dans tous les cas, Israël dispose d’une classe moyenne juive conséquente, qui a été bien suffisante jusqu’à maintenant pour assurer son développement. Pour dire les choses simplement: l’occupation israélienne me semble beaucoup plus solide dans l’état actuel des choses que ne l’était l’apartheid en Afrique du Sud. Plus solide parce qu’avec des objectifs différents: je crois que l’occupation israélienne tourne essentiellement pour fournir des ressources et ses territoires plus que de la main d’oeuvre. Pour les dirigeant-e-s israélien-ne-s, les palestinien-ne-s ne sont pas une composante essentielle de la société à maintenir sous domination mais un problème: si c’était possible de s’en débarasser, illes le feraient.
Voilà où j’en suis pour l’instant, à l’idée de dire que le fait que la situation faite aux palestinien-ne-s soit assez similaire à celle qui était faite aux noir-e-s en Afrique du Sud ne permet pas forcément de dire que la dynamique sociale et donc la dynamique de lutte qui mènera à la fin de l’occupation soit la même dans les deux cas. Tout ça pour dire que, plus particulièrement pour le mouvement international de solidarité avec les palestinien-ne-s, il va falloir réfléchir à trouver quelle est la dynamique politique qui peut amener à la fin de l’occupation israélienne, en s’appuyant sur l’exemple sud-africain peut-être, mais en ayant conscience de la spécificité de la situation palestinienne, en tout cas.
[murmures] Mon dernier texte date d’il y a trois mois, désolé pour ça, mais ma vie a explosé. J’ai beaucoup de choses dans la tête, espérons que je réussisse à les écrire dans les prochains temps.
Bonjour
la comparaison historique est intéressante, très théorique. l’inéluctabilité de la disparition de l’apartheid (du a la nécessité de constituer une classe ouvrière noire qualifiée qui a donné naissance à une classe moyenne qui a revendiqué des droits politiques ajouté aux mouvements) est très convaincante. La situation en Palestine ne peut bien sûr être comparée. La révolte des palestiniens est conduite de plus en plus vers le pire des fascismes avec un poids de moins en moins conséquent dans l’économie israélienne. La réalité est très différente du point de vue économique et la situation politique mondiale très différente aussi. La conjonction entre ces deux facteurs ne présage rien de bon en Palestine.
je souhaite si vous le souhaitez discuter un peu avec vous
Au revoir
[murmures] Pour la partie concernant l’apartheid, je ne fais que reformuler des travaux d’historien-ne-s, j’ai le boulot facile 🙂
Par contre je ne suis pas sûr de voir ce que tu veux dire quand tu dis que « la révolte des palestiniens est conduite de plus en plus vers le pire des fascismes ». Si tu fait référence à la réalité paternaliste et corrompue de l’Autorité Palestinienne et du Fatah, alors je crois qu’on a pas affaire à une organisation étatique assez forte pour mériter le qualificatif de « fascisme ». J’ai l’impression que ça ressemble plutôt à un de ces états issus de la décolonisation (comme en Afrique) qui ne tiennent qu’à coup de magouilles diplomatiques et politiques internationales. Pas particulièrement sympathique, mais assez loin de Mussolini.
Mais peut-être parles-tu du Mouvement de la Résistance Islamique (Hamas de son petit nom) qui gouverne à Gaza. Là, je ne sais pas trop. Déjà, j’ai l’impression qu’on a pas du tout assez d’informations à notre disposition pour émettre un réel jugement sur la vie politique de Gaza. Il s’y passe des trucs pas très ragoûtants, mais quand à savoir si c’est pire qu’en Cisjordanie (ou on arrête couramment des journalistes et des manifestant-e-s sous des prétextes assez ridicules) ou que dans les pays arabes alentours, j’en sais trop rien. Pourquoi je dis ça ? Parce que, dans notre culture, « fasciste » est un mot très fort, et j’ai l’impression que si on l’applique au Hamas, on risque peut-être de se retrouver à l’appliquer à beaucoup de monde et à ce moment là, il ne voudra plus dir egrand chose. Le Hamas est un parti qui a une visée étatique, qui n’est pas vraiment anti-autoritaire (et c’est peu de le dire) et qui repose sur des traditions religieuses, mais ça ne suffit pas à mon sens à le qualifier de fasciste.
Pour donner un exemple, les sectes de la révolution anglaise (au XVIIème siècle) étaient des groupes religieux radicaux qui partageaient beaucoup des points de vue que l’on attribue au Hamas, notamment sur la sexualité, la non-séparation du politique et du religieux ou les rapports de genre. Ça ne les a pas empêché de réaliser une révolution contre une monarchie religieuse et de mener à la naissance de la démocratie en Grande-Bretagne, tout ça parce qu’ils y étaient poussés historiquement (pour parler comme mon vieux barbu préféré). Je ne sais pas bien quelle rôle peut jouer le Hamas (ou le Hezbollah au Liban pour prendre un exemple proche) dans une éventuelle future révolte palestinienne qui mettrait fin à l’occupation, mais je ne suis pas sûr qu’il ait quelque chose à voir avec notre fascisme à l’européenne.
Vu que je suis sûr de me faire engueuler pour ce que je viens de dire, je tiens à préciser que je ne soutiens pas le Hamas ou le Hezbollah (qui se portent d’ailleurs très bien sans mon soutien), et qu’il n’est pas question de ça dans ce que je dis là. Par contre, dans un contexte historique profondément différent du nôtre et qu’on maîtrise assez peu, essayer d’utiliser des catégories qui viennent de notre histoire me semble glissant. Le Hamas n’est ni « de gauche », ni « de droite », ni « progressiste », ni « fasciste ». Il participe au mouvement général dans les sociétés arabes d’un retour vers le religieux dont il n’est pas facile de savoir où il va aller. A mon sens, il faut juger des dynamiques sociales concrètes qui amènent ce mouvement et pour ça, en Occident, on manque cruellement d’informations. Mais le Hamas, ce n’est pas les talibans, et le Hezbollah n’est pas non plus al-Qaïda, et d’ailleurs tous ces mouvements se combattent férocement entre eux.
Désolé, c’est un peu long, mais ce commentaire m’a inspiré, merci encore 🙂
le hezbollah par exemple a combattu l’armée israëlienne mais a des liens très fort avec les Etats bourgeois arabes (financiers et politiques). je te conseille le livre de Robert Baer sur l’Iran (et son influence sur les mouvements islamiques) chez folio document. Après cette lecture j’ai compris que la révolte des Palestiniens est conduite vers le « fascisme » terme inadéquat j’en convient, mais l’idéal islamique est représenté pour moi par la société talibane ou la dictature en Iran. Le retour du religieux est une régression. Le Hamas et le Hezbollah doivent être combattu. Comment faire?
[murmures] Je ne suis pas sûr qu’il y ait un « idéal islamique ». L’Iran est gouverné par une bureaucratie nationaliste qui tire son pouvoir de son contrôle de la rente pétrolière (Georges Corm est formidable là-dessus). Les talibans, eux, sont un gouvernement de chefs de guerres, dans une société pré-capitaliste pour l’essentiel. A part la référence commune à l’Islam, je ne suis pas sûr qu’il y ait grand rapport entre les deux sociologiquement, idéologiquement ou politiquement. L’éventuel « projet de société taliban » n’est pas, à ma connaissance, du tout le même que la réalité iranienne. Le Hamas et le Hezbollah sont encore différents. A part l’étiquette « islamiste » qui ne signifie pas grand chose, des mouvements politique de résistance n’ont rien à voir avec une coalition de chefs de guerre ou avec une bureaucratie pétrolière.
Plus largement, parler de « régression » me semble presque néo-colonial. Régression par rapport à quoi ? A quel idéal ?
Bien contente d’avoir découvert ton sympathique (érudit, féministe et sans prétention, que demander de plus) blog :-))
[murmures] Et voilà, c’est malin, j’ai rougi derrière mon écran. Plus sérieusement, merci. Mais je te retourne le compliment pour ton blog, que j’ai découvert, comme beaucoup de gens, par l’intermédiaire de rezo.net, et que je suis régulièrement. Ça fait toujours du bien de trouver des camarades virtuel-le-s.
I’m impressed…
Très enrichissante réflexion en tout cas, pour moi qui suis loin de maîtriser les conflits mondiaux, et même encore bien loin de les comprendre. Via la comparaison je comprends un peu mieux de quoi il retourne.
Sur l’Apartheid, j’avais lu « Un Français en Apartheid » de Pierre-André Albertini ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-Andr%C3%A9_Albertini ), récit d’un journaliste français plongé dans la résistance, notamment au sein de l’ANC. Le livre n’est pas tellement intéressant pour ce brave garçon qui raconte sa vie, mais plutôt pour voir de l’intérieur le combat de tous les jours que ces gens ont dû mené pour en arriver là. Bref, je te le recommande.
Et m’en vais de ce pas lire tes autres réflexions politico-révolutionno-historiques, et essayer de m’imbiber de toutes ces choses que je ne comprends pas encore.
Thanks, sir.
You’re welcome. Et merci pour le livre. J’aime beaucoup les autobiographies historiques en général, alors c’est un plaisir d’en découvrir une de plus.