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Bricolage d’une tradition: mon marxisme à moi (I)

Posted: septembre 14th, 2009 | Author: | Filed under: Marx, marxisme, matérialisme | Commentaires fermés sur Bricolage d’une tradition: mon marxisme à moi (I)

S’il y a bien une tradition théorique qui m’a beaucoup influencé dans ma vie, c’est le truc pas bien défini appelé ‘marxisme’.  Par exemple, parmi les premiers livres politiques que j’ai lu dans ma vie, il y a Le Capital de Marx et L’Etat et la révolution de Lénine. Au fur et à mesure de mes expériences politiques, à force de construire des luttes collectives, de réfléchir ces mêmes luttes collectives et d’essayer d’élaborer des théoriques politiques qui pourraient servir d’outils, j’ai toujours retrouvé sur mon chemin Marx et des ‘marxistes’.

Sauf qu’en fait, ‘marxiste’, ça ne veut pas dire grand chose, surtout pas aujourd’hui. En plus, vu que je n’ai jamais eu de professeur attitré et officiel de ‘marxisme’ et que je me suis contenté de piocher dans des bibliothèques au fil de mes réflexions et de mes discussions, j’ai toujours eu l’impression de me bricoler une sorte de marxisme bien particulier, mon marxisme à moi assemblé à partir de multiples textes choppés à droite et à gauche au hasard des rencontres. Je savais que j’étais attaché à tout un vocabulaire, un ensemble de concepts qu’on mettait en général dans la catégorie ‘marxisme’ ou ‘matérialisme’, mais je savait aussi que ces concepts et ces mots étaient utilisés de manière tellement diverse que c’était compliqué d’en tirer une vision
très claire à travers tout ce labyrinthe théorique. Alors, j’ai commencé à un moment à essayer de vouloir clarifier tout ça dans ma tête en réfléchissant à des définitions qui correspondraient à mon usage de tous ces concepts. Délimiter, voire même construire petit à petit ‘mon’ marxisme, en gros.

D’abord, dans mon marxisme, il y des auteur-e-s qui m’ont marqué: Marx, Engels, Lénine, Althusser, Luxembourg, Lukacs, Delphy, Gramsci, … et probablement d’autres que j’oublie. Déjà là, y’a de sacrés grands écarts pour combler les différences de perspectives entre tous ces gens et faire quelque chose de cohérent avec ça. Ca devient encore plus compliqué si on rajoute à cette mixture des noms collectifs, genre les communistes libertaires, l’ultragauche ou le féminisme matérialiste.

Ensuite il y a des mots: classes, exploitation, capitalisme, domination, idéologie, matérialisme, prolétariat, valeur, plus-value, profit, dialectique, (sur)détermination, rapports de production, modes de production, … Là encore, les usages de ces mots sont tellement riches que c’est difficile de les combiner parfois, dans la tête ou dans les textes.

Mais en fait, au-delà des références d’auteur-e-s et des mots, mon marxisme c’est une certaine approche, une certaine position qui me
donne une manière particulière d’aborder les problèmes collectifs et politiques. Cette approche là, je sais qu’elle existe, puisque je la pratique, je l’utilise quand j’essaie de lire une situation. Donc, malgré le grand écart des auteur-e-s et des mots, il y a bien une cohérence. Cette cohérence là, je l’appelle ma tradition marxiste. Tradition parce qu’il s’agit d’une boîte à outils que j’ai construite en me confrontant à des livres écrits dans l’histoire, c’est-à-dire pas seulement écrits à une période donnée, mais qui essayaient de jouer un rôle dans des mouvements de luttes, dans des moments de transformations sociales et dont la raison d’être était de jouer ce rôle. Tradition parce qu’à travers tous ces concepts, ces mots et ces auteur-e-s, il y a des expériences collectives, des échecs et des réussites, des cultures et des communautés de lutte. Par contre, ma tradition marxiste n’est pas une tradition qui a été pensée, planifiée et schématisée à l’avance par un esprit surplombant; c’est une tradition bidouillée de façon artisanale dans ma tête au fur et à mesure des besoins et des nouvelles perspectives, c’est une tradition bricolée par mes soins.

Pourquoi mettre ce mot de ‘marxiste’ sur cette tradition personnelle ? Parce que je me sens lié en général à tou-te-s ces auteur-e-s qui ont tenu à ce mot de ‘marxiste’ et qu’énormément des bases de cette tradition ont été élaborées par Marx. Que j’y reviens encore et souvent à ce vieux Marx, aussi. Malgré le fait que ça ne soit pas très clair ce que c’est le ‘marxisme’, je tiens à ce mot, et je crois que j’ai envie de l’utiliser pour me situer. Je préfère fabriquer mon marxisme qu’abandonner le mot complètement. Ah oui, en dernier recours, ‘marxisme’, ça va assez bien avec ‘communisme’, et je crois bien que je tiens à ce mot là.

Donc voilà, ce que je veux faire en quelques articles, c’est mettre en mot ma tradition marxiste, pour pouvoir la partager et continuer à la bricoler avec d’autres gens.

Pour pas faire trop long, la suite sera au prochain épisode


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