Privilèges masculins: déballage du sac à dos invisible – liste
Posted: septembre 7th, 2009 | Author: murmures | Filed under: Genre, patriarcat | 5 Comments »Après l’introduction, la liste en elle-même. Je ne crois pas du tout que cette liste soit complète et définitive, et je crois bien que je compte y rajouter les autres choses que je trouve au fur et à mesure. McIntosh dit assez justement que s’interroger sur ses privilèges est un sujet « insaisissable et fugitif »: c’est vite fait d’oublier beaucoup de choses, même qu’on y réfléchit, du coup je me dis que la mise par écrit progressive est peut-être bien la seule méthode efficace pour se souvenir de tout.
La liste alors, et je vais voler à McIntosh le titre de cet liste:
Effets quotidiens des privilèges masculins
- quand je dis des choses controversées, compliquées ou pas habituelles, je bénéficie de plus d’écoute à priori qu’une fille qui dirait les mêmes choses
- si je m’énerve, que je pète un plomb dans une discussion, je ne suis pas ‘hystérique’
- alors que je commence à être bien dans ma vingtaine, personne ne me demande quand je vais enfin me ‘poser’, ce qui voudrait dire me trouver un couple stable et faire un/des mômes
- j’ai droit à des compliments quand je fais la vaisselle ou le ménage ou que je m’occupe de l’endroit où j’habite en général
- j’ai aussi droit à des compliments en plus quand je fais tout ça correctement
- on ne me fait pas de réflexion sur le fait que mes fringues soient négligées ou pas assorties, ou quelque chose du genre
- on ne me fait pas de réflexion sur le fait que je ne sois pas maquillé, ou avec les cheveux en pétard
- dans une discussion, j’ai droit à plus d’écoute, à parler plus longtemps, à ne pas me faire interrompre et même à couper la parole à d’autres participant-e-s
- on ne m’accoste pas dans la rue pour me demander si j’ai envie de prendre un verre
- si jamais ça arrivait, on ne s’offusquerait pas que je refuse
- on ne me regarde pas différemment en fonction de la longueur de ma jupe, ou d’autres attributs de mon habillement
- je n’ai aucune raison d’avoir peur en me baladant dans la rue le soir
- je ne peux pas me faire traiter de ‘salope’ pour une raison complètement absurde, comme pour avoir refusé de faire telle ou telle chose ou de parler à telle ou telle personne
- je ne peux pas me faire traiter de ‘salope’ à partir de l’image qu’une personne se fait de ma vie sexuelle
- quoi que je dise, j’ai plus de chance d’être pris au sérieux qu’une fille qui dirait la même chose
- si j’ai une humeur étrange, que j’ai l’air énervé ou mécontent, ce n’est pas ‘simplement mes règles’
- si je n’arrive pas à faire quelque chose, ce n’est pas parce ‘je suis un garçon’
- j’ai la possibilité de ne pas m’occuper de contraception quand j’ai des relations sexuelles avec pénétration, sans que ça soit de ma faute si un problème arrive
- quand j’arrive dans un groupe, je ne suis pas ‘le copain de’
- quand je suis tout seul dans un espace public, je ne suis pas regardé comme attendant une fille pour me divertir
- je n’ai pas le soupçon qu’une personne disant me trouver intéressant le fasse en réalité pour coucher avec moi
- chacune de mes actions n’est pas ramené à un phénomène amoureux: je ne fais pas de la politique ‘par amour’
- quand j’écris un texte, j’ai la possibilité de m’adresser à un public exclusivement masculin, d’exclure implicitement les femmes qui me liraient, sans que ça soit anormal ou choquant
- je peux aller dans un des nombreux espaces réservés de fait aux garçons, sans qu’aucune femme ne vienne m’y embêter
- si je parle trop, je ne suis pas une ‘pipelette’
- si je préoccupe de mon apparence, je ne suis pas forcément ‘superficiel’
- je ne suis jamais ‘pas à ma place’
- si je critique ou exige par moment des choses d’un garçon, je ne suis pas ‘castrateur’
- je peux choisir de ne pas écouter une fille durant une discussion sans qu’on me le reproche la plupart du temps
- je pourrais dire que je suis ‘féministe’ sans risquer de me faire emmerder, et je pourrais même recevoir quelques compliments pour ça
En contre-point d’un de tes exemples : quand quelqu’un écrit un texte, il s’adresse d’abord à toi, parce que tu es un homme.
– tu n’entends pas perpétuellement des blagues sur toi, ou une de tes caractéristiques
– tu peux aller partout ou presque
– si on a besoin d’une information « sérieuse », on fait appel à toi
– tu as le droit de tenir tête à quelqu’un.e, surtout à un autre homme
– tu peux fumer sans problème ou réflexions
j’ai pas ajouté tes éléments à la liste parce que je me dis que c’est mieux de les garder séparer, mais merci pour ces ajouts 🙂
Il serait intéressant aussi de faire la liste inverse. C’est a dire des inconvénients d’être un homme et des avantages d’être une femme. On pourrais aussi faire la liste des avantages/inconvénients d’être de telle ou telle catégorie sociale. Ce serait beaucoup plus juste que de s’arreter a un cas. Construire une société plus juste, ce n’est pas uniquement améliorer la position des femmes, mais faire avancer tout le monde plus ou moins vite pour arriver ensemble à l’arriver. A 63 ans, je n’ai pas du tout l’impression que mon statut d’homme me privilégie sur quoi que ce soit, bien au contraire.
Et je ne pense VRAIMENT pas que les hommes, des cimetières militaires, réduits en bouillie en 1914 par quelques fumiers galonnés se soient senti privilégiés de leur sexe.
Je crois profondément que les 2 statuts, H/F doivent évoluer en même temps vers un mieux !
Le combat H/F si combat il y a est une erreur politique qui arrange bien les détenteurs du pouvoir. Pendant ce temps là…!
Tu ne penses pas profiter des privilèges énumérés par murmures ? Lutter contre l’oppression spécifique des femmes n’empêche pas de lutter ensemble, contre le capitalisme par exemple. Il n’y a pas concurrence des luttes mais complémentarité. Et dans ton image de la course vers une société meilleure, les femmes partent avec un handicap important.
On va pas faire concurrence de massacres. Mais les femmes sont victimes tout le temps, pas besoin de guerre, de crimes « conjugaux », de viols, de mortalité en donnant naissance, du tri des enfants en Chine et Inde, des crimes d’honneur, de la pauvreté où s’il y a peu à manger, ce sont elles qui se privent…
L’idée que la lutte des femmes favoriserait le pouvoir en divisant les forces est de plus en plus répandue chez les gauchistes, c’est vraiment curieux. La plupart des militantes féministes de gauche (extrême) sont aussi des militantes de l’anticapitalisme, bien sûr.
Bon ben je voulais répondre, mais je trouve que Christine a bien formulé ce que j’aurais pu dire, alors voilà … Vive l’autogestion des blogs 🙂