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Posted: août 12th, 2009 | Author: murmures | Filed under: Marx, marxisme, matérialisme | Commentaires fermés sur Temps et rhythme dialectique
Dans les deux dialectiques, donc, une intuition fondamentale: le trait essentiel du monde est sa dimension temporelle, son rhythme propre. Le rhythme est propre au sens fort du terme, c’est-à-dire qu’il est autonome, interne. Pas de Dieu, de destinée ou de providence pour venir bouleverser ce temps, cette dynamique du monde.
Les deux dialectiques, idéaliste et matérialiste, se différencient par le fait que pour la première, il n’y a qu’un et un seul rhythme, tandis que pour la seconde, il est nécessaire de réfléchir à l’articulation des différents temps du monde, même s’il existe un temps dominant. Chez Hegel, il y a un mouvement unique, celui de l’Esprit, qui avance petit à petit sur son chemin, qui réalise son évolution, mais il n’y a de place pour aucun contretemps: chaque chose arrive au moment où elle devait arriver, au fil du mouvement des concepts. Pour opposition, les grandes lois de Marx et de ses successeurs (loi de la baisse du taux de profit chez Marx, loi du développement inégal chez Lénine, nécessité de la révolution permanente chez Trostky, …) ne sont pas des commandements divins auquels la réalité ne pourrait qu’obéir, mais des tendances qui sont valables sur le long terme, qui exercent une influence constante et essentielle, mais qui peuvent être renforcées ou contrebalancées dans une situation donnée par d’autres tendances. Là où Hegel ne voit qu’on rhythme monolithique, chez Marx on trouve différentes lignes rhythmiques qui s’entremêlent pour former l’histoire. La difficulté vient du fait de trouver la logique de leurs entremêlements pour pouvoir trouver le rhythme juste pour nos actions.
Posted: juillet 19th, 2009 | Author: murmures | Filed under: Marx, marxisme, matérialisme | Commentaires fermés sur Matérialisme, idéalisme
Revenons à la dialectique hégelienne. Dans son cadre, les contradictions et le processus dialectique sont rationels, logiques. Le monde est caractérisé par l’Esprit, forme cohérente et rationelle; les contradictions de cet Esprit sont donc tout autant rationelles. La dialectique d’Hegel est donc qualifiée d’idéaliste (par Marx) dans la mesure où elle fonctionne par l’intermédiaire de conflits et d’antagonismes logiques, rationels. Les contradictions de la dialectique d’Hegel sont des contradictions parfaites, dépouillés de leurs accidents, des contradictions idéales.
L’endroit où Marx situe sa rupture est dans le fait que les contradictions dialectiques deviennent chez lui des contradictions liées aux besoin et aux nécessités des humain-e-s. L’humanité cherche à s’affranchir de la nature, à la soumettre pour satisfaire ses besoins, et les conflits issus de ce processus forment le mouvement dialectique. Chez Hegel, le monde (l’Esprit) se saisissait, se comprenait de plus en plus, tandis que chez Marx, il se produit de plus en plus. La perfection hégelienne est une transparence, une certitude absolue; la perfection marxienne est une satisfaction, un confort absolu. Là où un moment dialectique donné correspond à un certain niveau d’auto-compréhension de l’Esprit par lui-même chez Hegel, il correspond à un certain niveau d’auto-production de l’humanité par elle-même chez Marx.
L’importance de l’économie pour Marx vient de là: chaque époque étant le mieux caractérisée par le développement et l’organisation des forces de productions, la compréhension économique des situations est la clé de toute action sur le monde. Cela dit, il entendait par "économie" quelque chose chose d’assez différent de la définition qu’on utilise aujourd’hui. Son "économie" était une économie politique, qui incluait les transformations socio-juridiques du salariat par exemple, ou les mécanismes de contrôle dans les manufactures ou les usines.
Posted: juillet 19th, 2009 | Author: murmures | Filed under: Marx, marxisme, matérialisme | Commentaires fermés sur Dialectique
Dialectique. Le mot vient de Hegel, est utilisé par Marx, mais n’est jamais exploré, conceptualisé. Deux choses sont claires à propos de la dialectique chez Marx: il en reprend la structure chez Hegel, mais il lui fait ensuite subir une transformation en se l’appropriant. La phrase d’Engels est célèbre: Marx aurait "trouvé la dialectique" chez Hegel et l’aurait "remise la tête en haut". D’une certaine manière, réfléchir à la dialectique chez Marx revient à se demander dans quelle mesure cette description est littérale ou non.
Chez Hegel, le rôle et le fonctionnement de la dialectique est clair. La dialectique est le mouvement par lequel l’Esprit réalise son développement progressif. Elle fonctionne par la résolution des contradictions internes de cet Esprit. Chaque étape du développement dialectique comporte des contradictions dont le conflit va mener à leur résolution dans une synthèse qui forme le prochaine stade, supérieur, du développement dialectique. Le mouvement dialectique est le processus de perfectionnement de l’Esprit, et est par conséquent le rythme du monde.
En enlevant l’épaisse couche métaphysique qui enveloppe la dialectique hégelienne, Marx extrait une idée simple du concept: l’évolution, le rythme du monde, est donné par les contradictions de ce monde et leurs transformations. A partir de là, le projet politique que va porter Marx est donc logiquement que la destruction du capitalisme ne peut être menée qu’en jouant sur et en travaillant à renforcer ses contradictions propres, jusqu’à son explosion. La destruction du capitalisme est un processus qui prend place au sein même du capitalisme, sans force extérieur venant apporter l’émancipation.
La polémique contre des socialistes de l’époque que Marx qualifie de socialistes utopiques se fait autour de ce point. Ils en appellent à la justice, au besoin humain d’égalité, à une morale universelle comme forces amenant le socialisme, quand Marx voit le socialisme comme une nécessité née du capitalisme même et de son développement. Pour Marx, l’égalité et l’appel à la justice universelle n’ont rien à voir avec le socialisme, et n’en sont en tout cas pas les moteurs.
Dialectique d’Hegel et dialectique de Marx partagent donc une même logique: l’évolution, le temps, est amené par l’affrontement des contradictions. La différence entre les deux dialectiques se fait par ce "voile métaphysique" dont nous avons parlé plus haut: Marx veut sa dialectique matérialiste, en opposition à celle idéaliste d’Hegel.